" Un défi considérable "
Vous avez été nombreux à me demander ce que je suis allé faire au Burkina Faso cette semaine. Depuis 1994, Lyon et Ouagadougou ont noué des relations d’échanges particulièrement fortes…
J’étais déjà allé à Ouagadougou en 2000 alors que j’étais maire du 9e. Cette fois, j’ai encore été frappé par la capitale en plein essor de ce pays d’Afrique parmi les plus pauvres du monde. Il faut imaginer cette ville qui, dans les années 60 , comptait 60 000 habitants, et qui aujourd’hui en a 1,5 millions et probablement 2.5 millions d’ici 2025.
" Il n’y a rien de plus enthousiasmant que de bâtir une ville, que de répondre aux attentes de ses habitants... "
Une telle croissance, c’est évidemment un défi considérable pour mon ami Simon Compaoré et ses équipes. Et il faut beaucoup d’énergie pour répondre aux besoins des populations d’une ville comme Ouagadougou. Les enjeux liés à l’eau, aux énergies, à la santé publique, aux transports… Bref, tout ce qui concerne la gestion d’une grande ville au quotidien prend ici une dimension considérable. La tâche est donc difficile, mais elle est exaltante, car au fond, il n’y a rien de plus enthousiasmant que de bâtir une ville, que de répondre aux attentes de ses habitants.
De l’avis de tous, notre coopération avec Ouagadougou est exemplaire en cela qu’elle s’appuie d’abord sur des échanges entre des équipes de femmes et d’hommes passionnés. Bien évidemment, l’envoi de matériel réformé est un élément important de ce programme. Mais son efficacité réside d’abord sur les missions d’accompagnement, de formation, d’assistance aux services municipaux de Ouagadougou que nous menons.
Depuis quelques années, nous allons encore plus loin dans cette coopération qui a pris une forme nouvelle dans un esprit de co-développement. Le Centre International de Formation des Acteurs Locaux initié par la ville et le Grand Lyon en 2003 en est certainement une des plus belles réussites. Ce centre est aujourd’hui un espace d’échanges très actif entre élus et techniciens, non seulement de Ouagadougou, mais aussi de toutes les grandes villes d’Afrique francophones. Le CIFAL permet ainsi des coopérations "Sud-Sud" et des échanges d’expériences essentielles pour les villes du continent africain.
De même, à l’heure où les agences internationales reconnaissent de plus en plus la pertinence et l’efficacité des actions des collectivités territoriales pour répondre aux 8 objectifs du millénaire des Nations Unies, notre coopération permet à Ouagadougou d’accéder aujourd’hui à des financements importants.
Résultat : alors que l’aide directe du Grand Lyon est d’environ 50 000 euros par an, le montant global de notre coopération s’élève à près de 950 000 euros. En se situant sur de l’accompagnement à la maîtrise d’ouvrage communale, le Grand Lyon et la Ville de Lyon ont permis à Ouagadougou de mobiliser des financements internationaux importants.
Sans apport supplémentaire, en valorisant seulement notre expertise, nous avons pu ces dernières années obtenir des programmes essentiels pour Ouagadougou portant sur le traitement et la valorisation des déchets, la formation des personnels communaux ou encore la requalification urbaine du quartier Gounghin.
" Ce qui se passe à l’autre bout de la planète a des incidences directes partout ailleurs... "
Vous voyez, le temps semble loin où les relations internationales pour nos collectivités se résumaient à des jumelages et à des échanges bilatéraux de ville à ville. Aujourd’hui, nos programmes de coopération décentralisée s’appuient sur cette conviction que pays du Nord et du Sud vivent en interdépendance. Et que les uns ne peuvent continuer à se développer au détriment des autres, sans se préoccuper de leurs difficultés présentes.
Car dans un monde tel que le nôtre, ce qui se passe à l’autre bout de la planète a des incidences directes partout ailleurs. C’est pour cela qu’il est indispensable que Lyon, fidèle à sa tradition humaniste, joue pleinement son rôle auprès des régions du monde qui ont aujourd’hui le plus besoin de son soutien.
3 commentaires:
intéressant. merci de nous informer sur cet aspect trop méconnu des missions lyonnaises en afrique. comme dit simone, on est loin du bling bling et de la people attititude!!.
Bonjour, demi-ouagalais en attendant de l'être complètement, j'ai pu constater les effets positifs de votre coopération (les scooters Police Municipale immatriculé en 69 sont chaque fois l'occasion de sourire). Je regrette de n'avoir pu vous entendre lors de ce dernier voyage.
Mais ces actions de coopération, toutes utiles qu'elles soient, ne portent que sur les services. Elles ne sont pas réellement créatrice de richesse (valeur ajoutée locale), c'est à dire que l'on donne du poisson mais que l'on donne pas les moyens de pêcher.
Ce n'est pas la vocation d'une communauté municipale, mais à quand, et par qui, des actions de coopération de type industriel, créatrices de richesses et permettant un vrai développement, même si c'est au détriment des intérêts de nos multinationales prédatrices de matières premières payées à vil prix?
(cf http://blog.ifrance.com/ivoir-cafe)
Amitiés socialistes.
le défi est en effet considérable quand on connait le burkina. je ne sais pas si lyon peut faire grand chose mais ça vaut le coup de se battre.
sylvain
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