vendredi 6 janvier 2012

Voeux à la presse


" 2012, sous le signe du changement... "

La cérémonie de vœux qui nous rassemble aujourd’hui, se tient à l’aube d’une année qui sera décisive pour l’avenir de notre pays avec la double échéance des élections présidentielles et législatives. Ces deux élections, sont toujours fondamentales pour notre pays, mais elles revêtent cette année un caractère plus décisif encore. Car, elles interviennent dans une période de crise profonde, dont on voit quelle peut remettre en cause les fondements même de l’Europe mais aussi conduire notre pays à l’abîme. 


L’Europe ! Lorsqu’il y a deux ans, j’écrivais mon livre, je la plaçais déjà au centre de mon propos. Avant même que n’éclate la crise de la dette, j’en démontrais l’extrême vulnérabilité. Je faisais déjà le constat que à force de s’arc-bouter les uns les autres sur la défense de politiques nationales sans coordination, voire même totalement contradictoires, nous irions vers de grandes difficultés, la divergence des politiques économiques et budgétaires entraînant des disparités qui ne pouvaient plus être corrigées, du fait de la monnaie unique, par des ajustements monétaires.

J’évoquais donc la nécessité d’aller vers plus d’intégration économique et politique, de dépasser l’intergouvernemental, pour progresser vers plus de   fédéralisme. Car c’est là la seule façon de relever le défi qui nous est lancé par nos partenaires américains mais aussi par ces "nations-continents" qui ont émergé à l’échelle de la planète. Eh bien, je continue à penser que c’est dans une telle direction qu’il nous faut aller. Je pense qu’il est urgent que l’Europe, demain, repose sur trois piliers.
  • Une gouvernance européenne assurée par une Commission à la légitimité démocratique renouvelée : récemment encore le Ministre des finances allemand évoquait, par exemple, l’élection au suffrage du Président de la Commission.
  • Un Parlement dont le mode d’élection pourrait être revu de manière à ce que le débat des élections européennes ne soit plus seulement un débat entre majorité et opposition - soldant dans chaque pays les comptes des dernières élections - mais corresponde à un vrai débat sur les orientations européennes.
  • Le Conseil Européen assurerait, lui, la représentativité des différents pays, comme le Bundestag allemand assure la représentation des différents Länder. 

C’est un tel schéma que, dans la lignée de Jacques Delors, développent des personnalités comme Pascal Lamy quand on évoque ces problèmes européens avec elles. Il y a l’Europe à laquelle une nouvelle donne institutionnelle, mais aussi un renouveau de politiques communes dans le domaine de la recherche, dans le domaine de l’industrie, doivent donner une nouvelle dynamique. Et évidemment, il y a la France ! 

J’espère que notre élection présidentielle sera pour notre pays l’occasion d’un renouveau. Nous voyons bien tous que si la crise en Europe est profonde, elle n’est pas universelle et qu’un certain nombre de pays, l’Allemagne, les pays scandinaves, y échappent. C’est donc notre modèle national qu’il faut aussi transformer. Car sa panne est aujourd’hui patente. 

Pour cela, il faut rompre avec une époque où dans l’imitation d’un modèle américain - celui qui a conduit à la crise des subprimes - on croyait que c’est de la dérégulation que naîtrait la croissance. Qu’on réécoute les discours d’il y a cinq ans ! L’échec de cette politique ne doit nous ramener, en aucun cas, aux politiques du passé, celles où l’on pensait que la croissance ne pouvait se fonder que sur les déficits publics et l’accroissement de la dette. 

C’est un autre modèle qu’il nous faut donc inventer !

Sur le plan économique, on voit combien, à nouveau, nous avons besoin de politiques industrielles. Mais ces politiques industrielles ne peuvent plus être la simple répétition des politiques de filière mises en place du temps du Général de Gaulle ou de François Mitterrand. Car aujourd’hui l’innovation naît à la base, dans les territoires, par la coopération entre équipes universitaires, équipes de recherche et industries. C’est parce qu’ils ont développé ce type d’écosystèmes dans les Länder que nos amis allemands ont accru leur compétitivité. C’est ce système qui, dans les années 80, a fait surgir la Silicon Valley. 

Cette place nouvelle des territoires dans l’innovation plaide évidemment pour ce qui devrait constituer le deuxième mouvement fort de notre action publique : celui de la mise en place d’un acte III de la décentralisation qui permettrait à nos régions, à nos métropoles d’avoir la même capacité à agir que celle de nos voisins européens. 

Vous me direz, nous sommes bien loin de Lyon. Non ! Nous sommes au cœur de la politique que nous menons dans cette ville. Parce que ce nouveau modèle auquel j’aspire au niveau national, c’est celui que nous avons mis en place à Lyon au cours de toutes ces années. 

Un modèle qui fonde la croissance de la ville non sur son endettement continu mais sur une gestion rigoureuse des finances publiques. Je rappelle que la dette de la ville de Lyon est au même niveau qu’en 1997, que celle du Grand Lyon est au même niveau qu’en 2001. 

Un modèle qui se fonde sur une attention extrême à nos universités, à notre recherche, à nos entreprises, pour toujours se projeter dans l’avenir et renouveler continuellement notre tissu économique afin qu’il ne devienne pas obsolète. 

Un modèle qui se fonde sur une dynamique de partenariat entre acteurs publics et acteurs privés : pour que Lyon soit sans cesse en mouvement, et que s’y inventent ces technologies de l’avenir qui permettront à tout notre tissu industriel et au-delà à l’ensemble de notre tissu économique de bénéficier de l’innovation. Pour que s’y créent sur le plan architectural les formes de l’avenir. Pour que sur le plan culturel nous soyons à l’avant-garde. 

C’est parce que nous avons su réaliser à Lyon ce cercle vertueux que notre agglomération retient de plus en plus largement l’attention. 

Ce qui, au fond, caractérise le modèle lyonnais c’est d’avoir su mettre en place, dans notre Cité, un autre type de société. Dynamique mais juste, fondée sur une croissance forte mais respectueuse des équilibres écologiques, créant de la richesse matérielle mais sachant que celle-ci doit permettre l’épanouissement de la seule vraie richesse, la richesse intellectuelle, culturelle, artistique qui est à la base même de notre humanité. 

Mesdames et Messieurs,

Je terminerai bien sûr en évoquant les problèmes de la presse. A la fois, cette presse nationale et locale, que vous représentez. 

On voit bien que vos métiers sont confrontés aux mêmes nécessités d’évolution que le reste de nos sociétés. Car, je ne crois pas que la crise de la presse et en particulier de la presse écrite dont on parle tant en France, soit une fatalité. On sait qu’en Allemagne, en Espagne et dans beaucoup d’autres pays, la presse se porte mieux que chez nous. On connaît aussi les causes du malaise français : sous-capitalisation des journaux, manque de modernité de l’impression, de la distribution, érosion des recettes publicitaires, érosion du lectorat... Tout cela fonde le retard structurel qui a empêché souvent votre secteur de prendre en compte les mutations technologiques. Oui, il y a là aussi, une spécificité française qui conduit aujourd’hui à des difficultés fortes pour beaucoup, de celles et ceux qui ont choisi ce beau métier qu’est la presse. 

J’évoquais par ailleurs, il y a, un instant, la décentralisation. Imaginez, ce que serait demain la presse à Lyon si la France faisait le choix de la décentralisation, si la région Rhône-Alpes, si la métropole lyonnaise avaient le budget, les compétences qu’on trouve, par exemple, dans les Länder allemands ou dans ces Villes-Etats qui font la force de notre voisin.

A travers cette intervention vous comprendrez donc que je place ces vœux, cette année, bien au-delà de l’élection présidentielle, sous le signe du changement. Puisse ce changement, être pour vous, en 2012, facteur de réussite dans votre vie professionnelle et, car les deux sont souvent liés, de réussite dans votre vie personnelle.

Beaucoup de bonheur et de joie à vous. Bonne année 2012 !"

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Respirez la Vie qui vous respire!!!... et vous transpire car OUI, 2012 sera l'année du/des vrais changements, pleines de Vérités révélées... y compris celles que les monstres essaient de cacher!