vendredi 13 janvier 2012

Grand Lyon

" L’audace a du génie, du pouvoir, de la magie... "
Quoique tu rêves d'entreprendre, commence-le. L'audace a du génie, du pouvoir, de la magie... C'est par ces mots célèbres de Goethe que je concluais hier après-midi ma présentation des vœux aux équipes du Grand Lyon. Cette cérémonie m’a donné l’occasion de livrer ma vision sur la situation économique difficile que traversent nos sociétés. Mais aussi – et c’est pour moi la chose la plus importante – de tracer quelques-unes des perspectives qui demain nous permettront de sortir nos économies de l’ornière. A condition, bien sûr, que nous sachions miser sur l’innovation et faire preuve d’un peu plus d’audace, pour répondre à l'invitation du grand poète allemand. De ce point de vue, chacune et chacun peut observer ce que nous faisons au Grand Lyon. Car en quelques années cette communauté urbaine est devenue un véritable laboratoire pour les territoires du XXIe siècle.


© Brice Robert

Ce modèle du Grand Lyon, quel est-il ? D’abord celui d’une collectivité dans laquelle nous avons le souci de préserver ressources et espaces naturels, celui de préserver l’avenir en dépassant un modèle du passé dans lequel déforestation, étalement urbain à outrance, surconsommation d’énergie dans les bâtiments et les véhicules apparaissaient comme des choses admissibles. Ce modèle ancien, c’était aussi celui d’une France, qui dans la conception fausse d’une division internationale du travail, pensait pouvoir ne compter que sur les services et la recherche en amont pour laisser la production aux pays émergents. On sait ce qu’il nous en a coûté sur le plan industriel. Ce modèle, c’était celui d’un pays centralisé, où les décisions se prennent en haut, bridant les initiatives de la France des villes, des métropoles, de ces territoires urbains qui portent pourtant l’innovation dans tous les domaines technologique, économique, urbanistique, architectural, culturel.

Car au sein même de ces sociétés dépassées, certains commencent à inventer ce qui sera demain le nouveau modèle. En Europe, d’abord, dont nous évoquons si souvent la crise, tous les pays ne connaissent pas la même situation. Des nations scandinaves à l’Allemagne, les gouvernements qui ont fait le choix de l’innovation, de la qualité des produits, connaissent la croissance. En France aussi, nous innovons… Mais pour dire le fond de ma pensée, cela se passe plutôt dans nos territoires et dans nos régions que dans notre état centralisé ! Les différents analystes soulignent ainsi qu’en 2012 la croissance de l’agglomération lyonnaise sera encore supérieure à la moyenne nationale alors même que notre pays entre en récession. Cette dynamique, notre agglomération la porte au travers de grands projets urbains tels que la Confluence, le Carré de Soie à Vaulx-en-Velin, bientôt la Part-Dieu ou encore le Grand Stade à Décines. Ce sont ainsi des dizaines de projets avec à la clé de nombreux emplois. Car plus nous encourageons ce mouvement, plus nous attirons dans d’entreprises, de créateurs, d’innovateurs désireux de s’investir dans nos projets urbains mais aussi dans nos pôles de compétitivité. Là où s’inventent les technologies et les productions de demain. Là où se dessine le nouveau modèle de croissance aujourd’hui si attendu.


" Assurer notre avenir industriel et donc nos emplois ... "

©AFII
Car la croissance, demain, sera fondée sur d’autres piliers que ceux d’hier et d’abord sur la capacité à inventer des réponses au grand défi écologique devant lequel se trouvent placé, l’ensemble des pays autour de la planète. C’est là un défi dont nous nous sommes emparés au Grand Lyon avec la volonté de devenir un modèle. Depuis dix ans, nous sanctuarisons nos espaces naturels, nous organisons la ville multipolaire, la ville des transports en commun, la ville qui sait prolonger jusqu’en son centre la trame verte qui l’entoure. Cette année, nous avons fait, en ce domaine, des avancées plus significatives encore. En mettant en place avec tous les grands acteurs de l’agglomération, un plan d’actions partenarial pour le climat, nous nous positionnons parmi les rares villes européennes en capacité d’atteindre les grands objectifs de réduction de gaz à effet de serre. Grâce à cette mobilisation générale, notre agglomération est en train de se positionner comme un des lieux dans le monde où s’inventent les solutions au réchauffement climatique. Car de la même manière que personne n’avait imaginé le potentiel d’Internet, de Facebook, ou d’un smartphone avant que ces inventions n’existent, bien peu imaginent encore à quel point les technologies vertes naissantes vont changer nos vies.

Des bâtiments qui produisent de l’énergie plutôt que d’en consommer, des molécules qui dépolluent l’air de nos villes, l’eau de nos rivières, des matériaux recyclables à 100%, des voitures silencieuses roulant sans pétrole, des réseaux qui récupèrent la chaleur émise par nos usines, des systèmes permettant de transporter l’énergie produite dans des centrales solaires du Sahara ou des champs d’éoliennes de nos côtes maritimes : ces projets qui relevaient jadis de la science fiction sont désormais à portée de main, en train de s’inventer dans les différentes entreprises, grandes ou petites de notre agglomération. Comme s’y inventent d’ailleurs les sciences du vivant qui nous permettront de venir à bout de maladies considérées aujourd’hui comme totalement inguérissables.

Lyon Confluence  © ADERLY
C’est cette capacité d’innovation là qui assurera notre avenir industriel et donc les emplois du futur. La croissance économique qu’ainsi nous créons est nécessaire, fondamentale. Elle n’est pourtant pas un but en soi. Elle n’est rien si elle ne s’accompagne pas de la capacité à créer du bien-être, de la convivialité, du plaisir à vivre et à partager ensemble et finalement du bonheur. Dans ces années de crise, où, pour grandir, la tentation du repli sur soi, du rejet de l’autre, notre souci premier est d’abord de promouvoir le vivre-ensemble. Par cette mixité que nous créons dans nos quartiers, dans nos villes, dans nos villages. Par ces grands espaces publics que nous réalisons, les rives de Saône et l’anneau bleu après les Berges du Rhône. Par les grands événements que nous développons. Cette année un grand Festival de Cinéma, une formidable Biennale d’Art Contemporain, et une très belle Fête des Lumières.

Nous avons accompli du chemin en dix ans. Pourtant, bien des objectifs sont encore devant nous. Et mon désir d’aller plus loin encore me porte à imaginer ce que serait une institution comme le Grand Lyon dotée de compétences et de moyens supplémentaires dans le domaine économique, de l’université, de la recherche ou de la formation. Imaginons, en effet si, en cette année 2012 un nouvel acte de la décentralisation attribuait à nos métropoles, sur le modèle des grandes villes allemandes, espagnoles ou britanniques, des marges de manœuvre plus grandes encore. Alors nous pourrions faire plus encore au service de nos concitoyens ! Oui, notre pays doit s’ouvrir davantage à ses villes, à ses régions, à ses territoires. C’est d’abord par eux qu’il dessinera son redressement. Ce renouveau de la France des villes et des territoires, c’est un des vœux que je formule pour cette nouvelle année.

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