mercredi 28 avril 2010

Parti Socialiste



" Partir du réel pour aller à l’idéal "

Avec sept figures socialistes, nous avons déposé hier un texte au Conseil national afin de donner notre vision de l'avenir. Avec pour titre la formule de Jaurès, "Partir du réel pour aller à l'idéal", cette contribution s'adresse à tous les militants s'inscrivant comme nous dans une ligne social-réformiste.


" Aujourd'hui, les Français, dans leur immense majorité, éprouvent une immense déception par rapport à l'action du président de la République. Lors de sa campagne, Nicolas Sarkozy avait annoncé que, par la politique de rupture qu'il allait mener, il allait remettre à niveau l'économie française, permettre aux Français de bénéficier des fruits de leur travail.

Nos concitoyens constatent que tel n'est pas le résultat. Si une frange extrêmement réduite a vu ses privilèges confortés, les autres sont à la peine, qu'ils soient salariés, dirigeants de PME, artisans ou agriculteurs. Dans cet échec, il y a évidemment les effets de la crise. Mais ce que les Français perçoivent, c'est qu'à l'origine de cette crise, se trouvent précisément les politiques que Nicolas Sarkozy voulait faire adopter à notre pays. C'est donc le modèle porté par la droite française qui se trouve ainsi disqualifié.

D'où un mouvement fort en faveur de la gauche d'une opinion publique qui attend de nous que nous lui proposions un autre modèle. Pas un catalogue de promesses auxquelles nos concitoyens ne croient plus ! Mais une autre vision de l'avenir, capable de prendre en compte le mouvement du monde d'aujourd'hui.

C'est cette vision qui doit être le cœur de notre projet. Et c'est pour la définir que nous, qui nous définissons comme des Socialistes réformistes, avons choisi de nous adresser aux militants du Parti Socialiste lors de cette convention.

Quelles sont les grandes questions sur lesquelles les Français attendent de nous une réponse ?
  • Permettre à la France de répondre aux nouveaux défis du monde.
Une première interrogation a trait, sans aucun doute, au modèle économique qui permettrait à la France de reprendre sa place dans un monde dont nos concitoyens voient bien qu'il change à une vitesse accélérée et dont ils comprennent qu'il remet en cause toutes les situations acquises. Ils savent que c'est là la question qui détermine toutes les autres : niveau de salaire, niveau de protection sociale, etc.

Face à ce mouvement du monde, les Français sont inquiets et ils ont raison de l'être !

Ils voient bien qu'aujourd'hui l'Europe est en train de décrocher, avec un taux de croissance beaucoup plus faible que celui de bien d'autres régions du monde, beaucoup plus faible en particulier que celui de pays émergents dont la puissance s'accroît chaque jour, menaçant toujours davantage nos propres productions.

Ils constatent qu'au sein même de l'Europe, notre économie perd des parts de marché là où l'Allemagne en gagne. C'est ainsi qu'en dix ans, les marges des entreprises françaises se sont effondrées de près de 50%, fait unique en Europe !

Comment faire face à ces défis ?

Une partie de l'opinion publique et un certain nombre d'entre nous au PS pensent, de manière plus ou moins avouée, que la seule solution réside dans la mise en place de mesures protectionnistes destinées à protéger notre économie au plan national comme au plan européen.

Certes, ces mesures protectionnistes se présentent souvent comme provisoires. Mais l'histoire a démontré qu'il est difficile d'en sortir et l'effondrement de l'empire soviétique est l'illustration que les meilleures protections n'empêchent pas les autres de continuer à progresser, de vous dépasser technologiquement et de prendre finalement un monde d'avance jusqu'au jour où l'on doit bien prendre acte d'un constat de faillite générale.

Non, ce n'est pas dans de vaines protections mais c'est dans l'innovation, dans  la création que se trouve l'avenir !

C'est pourquoi, conformément au meilleur de leur tradition, les Socialistes doivent refuser tout conservatisme et se présenter comme ceux qui incarnent le changement et ce dans tous les domaines : économique, social, culturel ! Car c'est bien ceux qui, à travers le monde, sauront inventer de nouveaux modèles : nouveaux produits, nouveaux services, nouveaux modes de consommation, nouvelles organisations sociales, qui marqueront le monde de demain.

Face à une droite qui, au travers des mesures qu'elle a prises, est apparue comme une économie de la rente, nous devons, nous, être les défenseurs de l'économie productive.

C'est là un fil rouge qui doit parcourir toutes nos propositions.

Notre exigence de justice sociale dans le domaine de la fiscalité, de la réforme de la protection sociale (santé, retraites, sécurité professionnelle), notre volonté d'une nouvelle décentralisation doivent apparaître comme autant de mesures destinées à rassembler et à mobiliser toute la nation au service d'un objectif commun : le renouveau du pays.
  • Permettre à la France de résorber ses déficits.
Ce renouveau demandera des efforts. Les Français le savent. Notre pays connaît aujourd'hui des déficits abyssaux diminuant progressivement toutes nos marges de manœuvre : déficit de notre budget sur lequel pèse de plus en plus lourdement le poids de la dette, déficits sociaux en matière de santé comme en matière de retraites. Notre première tâche sera d'y mettre fin si nous ne voulons pas reporter sur les générations futures le poids de nos dérives.

Sans même parler d'un avenir lointain, cela sera nécessaire si nous ne voulons pas être confrontés, à terme, à la situation que connaît actuellement la Grèce.

Ces efforts peuvent être acceptés par nos concitoyens à condition qu'ils soient équitablement répartis en fonction des revenus et du patrimoine de chacun. C'est vrai pour ce qui est des retraites comme pour ce qui est d'une nouvelle fiscalité.

Assurer l'équité et la solidarité, ce doit être notre engagement vis-à-vis des Français.
  • Mettre la France en capacité d'inventer la société de demain
Au travers des crises que nous subissons, financière, économique, écologique, c'est un modèle ancien qui se périme et un nouveau modèle qui est en train de surgir. Nous devons apparaître comme les plus à même de faire émerger ce modèle nouveau.

Dans la période de la révolution industrielle, le capitalisme a pratiqué une accumulation primitive qui s'est largement faite au détriment des femmes et des hommes. C'est de leur révolte devant la dureté que cela générait qu'est né le socialisme.

Ensuite, la production masse permise par le capitalisme fordiste, a permis un élargissement fort de la consommation. Mais cette révolution s'est largement opérée au détriment de notre planète : réchauffement climatique, gaspillage des ressources naturelles, remise en cause de la biodiversité. C'est de cette prise de conscience qu'est née la montée en puissance du mouvement écologique.

C'est à la lumière de toute cette histoire qu'il nous faut inventer un modèle nouveau, capable de marquer une autre étape de l'histoire de l'humanité.
 
Ce modèle ne peut consister à dire aux peuples du monde qui connaissent encore l'extrême pauvreté qu'il convient qu'ils se résignent au nom de la survie de la planète. Il ne peut consister à dire aux exclus de nos sociétés occidentales qu'ils doivent renoncer à l'espérance de participer pleinement à notre société.

Mais il doit nous amener à répondre aux attentes nouvelles qui se font jour, celles d'une consommation plus qualitative, celles d'une production qui prenne en compte non seulement les conditions d'une meilleure protection des biens collectifs mais qui permette même de réparer les dégâts causés à nos milieux naturels depuis quelques siècles et de manière plus intensive dans la dernière période.

Les temps qui s'ouvrent seront marqués par une volonté nouvelle de privilégier l'être sur l'avoir, la rencontre de l'autre plutôt que le repliement sur soi-même.

C'est un humanisme du 21e siècle qui doit pouvoir s'inventer.
 
Les Socialistes doivent évidemment  s'en faire les infatigables défricheurs  !

Mais cela  ne pourra se faire qu'à partir d'une pleine prise en compte des réalités d'aujourd'hui.

"Partir du réel pour aller à l'idéal". C'est là le message de Jaurès auquel il nous appartient de donner aujourd'hui une nouvelle modernité."


Signataires : Gérard Collomb, Sénateur Maire de Lyon ; François Rebsamen, Sénateur Maire de Dijon ; Manuel Valls, Député Maire d’Evry ; Gaétan Gorce, Député Maire de la Charité sur Loire ; Yves Krattinger, Sénateur Président Conseil Général Haute Saône ; Marc Daunis, Sénateur Maire de Valbonne Sophia Antipolis ; Malek Boutih, Bureau National du Parti Socialiste ; Jean-Pierre Mignard, Conseil National du Parti Socialiste



9 commentaires:

Jean-Pierre a dit…

C'est un très bon texte, qui mérite véritablement d'être porté aux primaires socialistes!
La France en a besoin.

Roselyne D. a dit…

C'est un très bon texte, ambitieux, et qui a le mérite de rompre avec les vieilles lunes portées par la gauche du PS (les fameuses "écluses" évoquées par le texte de la convention).
Ne promettons pas l'impossible, faisons le réel!

Lyonnais a dit…

Si M. Collomb parvient à faire ce qu'il fait au niveau lyonnais au niveau national, je dis bravo!
Et ces signataires ont brisés des tabous dans leurs communes! (Je pense à M. Valls sur la sécurité à Evry).

Anonyme a dit…

Heureusement qu'il y a des responsables politiques pour être à la hauteur des enjeux, j'en ai encore eu la preuve ce soir sur le thème de l'urbanisme. Merci Gérard Collomb.
oui il faut vraiment savoir repartir du réel pour aller vers l'idéal, le réel c'est aussi là dedans que tout un chacun sait se reconnaitre et prend envie de se projeter dans une perspective politique claire.
Simone

Anonyme a dit…

Tres bon texte. Dans les signataires il y a le candidat déclaré Manuel Valls, pourquoi Mr Collomb ne le soutiendrait-il pas au lieu d'attendre l'hypothétique retour de DSK ?
Christophe

Anonyme a dit…

Tres bon texte. Dans les signataires il y a le candidat déclaré Manuel Valls, pourquoi Mr Collomb ne le soutiendrait-il pas au lieu d'attendre l'hypothétique retour de DSK ?
Christophe

Anonyme a dit…

Tres bon texte. Dans les signataires il y a le candidat déclaré Manuel Valls, pourquoi Mr Collomb ne le soutiendrait-il pas au lieu d'attendre l'hypothétique retour de DSK ?
Christophe

Arthur Empereur a dit…

Ce sont des propositions, des modèles intéressants et surtout réalistes.

D'où la pertinence de la citation de Jaurès "Parti du réel pour atteindre l'idéal".

Cette vision réformiste de la gauche et du PS est séduisante et, plus que tout, est un premier pas pour dire la vérité aux français.
Pour ne plus "raser gratis" avant les élections et décevoir après quelques mois à la tête du pays.

Bien évidemment, ce genre de discours n'est pas facile à entendre, mais il tient compte de la réalité de notre société, de l'organisation de notre économie et c'est aussi le gage de sa crédibilité.

Lyon a été le laboratoire de cette gauche réformiste : en renouant avec le dynamisme économique tout en tissant du lien social, en n'abandonnant pas ses quartiers et ses banlieues. En en faisait des lieux de vie, pour "prendre le temps de vivre".

On ne peut que saluer l'initiative de ces élus socialistes et de Gérard Collomb, qui font preuve de beaucoup de sincérité dans leurs engagements et qui travaillent, sans tabous et font fi des conservatismes pour réformer et rénover la gauche.

Anonyme a dit…

Je suis pas de gauche mais j'aime bien vos paroles. Contnuez et peut-etre que je finirai par revoter un jour/