lundi 7 décembre 2009

Sommet de Copenhague


" Le capitalisme vert va nous sauver
"


Copenhague interroge sur la manière dont les grandes métropoles peuvent agir dans le domaine du développement durable. Dans cette interview donnée au magazine "Acteurs de l’Economie", je livre mon approche, en revendiquant une pensée basée sur le partage et la justice. Bonne lecture à tous.


Qu’espérez-vous du Sommet de Copenhague ?
La protection du climat est l’enjeu du siècle. J’espère que la responsabilité des Chefs d’Etat sera à sa hauteur. Je souhaite, comme beaucoup, le succès de cette conférence des Nations Unies sur le changement climatique dont l’objectif est la définition d’un accord, succédant au protocole de Kyoto, ce-dernier s’éteignant le 31 décembre 2012. Il déterminera le prochain régime mondial de protection du climat...

De façon plus réaliste et aux vues des difficultés de la négociation, la conférence de Copenhague devrait aboutir à un accord politique sur les principes d’un traité. Ce serait déjà un succès s’il signe l’engagement des Etats-Unis, la participation des pays émergents et la mise en place de dispositions financières. Je porterai aux représentants des Etats, avec une centaine d’autres maires, le message de la population concernant l’urgence d’aboutir et la volonté des villes de s’impliquer pleinement dans la lutte contre le changement climatique.

N’y a-t-il pas aujourd’hui un choix à faire entre la lutte contre la crise économique et celle contre la crise écologique ?
Bien au contraire, tout milite pour une convergence dans le traitement de ces crises. Cependant les moyens financiers mobilisés pour des politiques conjoncturelles d’emploi à effet immédiat sont nécessaires et viennent en moins des moyens disponibles pour financer la transition écologique. Il est possible d’articuler les deux, mais seulement une part modeste des plans de relance a été consacrée à l’environnement.

La crise économique et la crise écologique ont une même origine : l’oubli du principe de réalité. La croissance économique ne peut être durablement basée sur la dette, dette financière ou dette écologique, c’est-à-dire sur le prélèvement au-delà de toute limite des ressources disponibles.


En matière de développement durable, y-a-t-il encore des réponses de droite et de gauche ?
Une approche de droite va être de tout miser sur l’innovation technologique. Le capitalisme vert va nous sauver. L’approche de gauche est plus équilibrée entre l’innovation toujours nécessaire, l’introduction d’un effet prix et la mise en œuvre d’une ingénierie sociale pour que le développement durable ne se fasse pas seulement en faveur des riches. Fondamentalement, le développement durable c’est le partage des ressources entre tous. C’est donc originellement le cœur même d’une pensée de gauche basée sur le partage et la justice.

En quoi les villes, qui sont aujourd’hui les principales contributrices aux effets de pollution, peuvent-elles être une réponse au défi du développement durable ?
Regroupant plus de la moitié de la population mondiale, les villes ou aires urbaines sont désormais les principaux centres de consommation et de production. En conséquence, l’essentiel de la pollution atmosphérique, des émissions de CO2 et de la production de déchets se fait en ville.

Il est clair que les villes ont un rôle essentiel à exercer en termes d’énergie, de transport et de déchets ; la planification urbaine et les investissements dans les infrastructures sont deux incontournables. Les choix d’infrastructures urbaines : bâtiments, voiries, réseaux de transport publics, de chaleur, sont stratégiques au niveau du développement. Il est donc naturel que les villes s’impliquent !


Quelles insuffisances reconnaissez-vous dans votre action en matière de développement durable ?
Nous devons passer à une étape plus ambitieuse : la généralisation de cette politique à l’ensemble du territoire. Le développement durable sur Lyon est déjà une pratique. Parmi les exemples : les plats bio dans les cantines scolaires, le développement des transports publics, principalement sur un mode électrifié, le développement des infrastructures pour le vélo (voies cyclables, Vélo’v), l’obligation de normes environnementales au delà de la réglementation dans les opérations d’aménagement et pour le logement social.

Notre objectif désormais est d’aller plus loin dans le domaine de l’installation de chaufferies bois et de production d’électricité photovoltaïque, et au-delà de la construction HQE dans le neuf, il faut développer l’éco-rénovation des quartiers anciens comme à Sainte-Blandine dans le quartier du Confluent. Une des priorités du développement durable est la protection du climat.

Nous nous sommes engagés à réduire nos émissions de 20% d’ici 2020. Un plan climat est en cours de révision avec les citoyens et les entreprises et sera finalisé l’année prochaine. Mon ambition est de faire de Lyon la ville de l’efficacité énergétique.


Lyon s’engage fermement sur la voie des cleantech. Ne peut-on regretter le choix de cette thématique guère "différenciante" aujourd’hui ?
Les cleantechs sont en effet un domaine trop vaste pour que nous y soyons pertinents à l'échelle internationale. Nous avons donc décidé de nous concentrer sur l'efficacité énergétique, où nous pensons avoir une capacité de différenciation. Notre candidature pour la création d’un pôle d’écotechnologie n’est pas d'opportunité mais le résultat de plusieurs années de travail et de collaboration, notamment avec les pôles de compétitivité, et tous les acteurs de Grenoble, Lyon, Saint-Etienne et du Nord-Isère.

Le Sénat a voté en septembre un amendement autorisant certaines communes à tenter l’aventure du péage urbain pendant 3 ans. Sur ce dossier, vous avez pris des positions diverses : d’abord hostile, vous avez finalement laissé la porte ouverte. N’est-ce pas le type même de mesure où le courage politique doit primer ?

Pour moi, en politique, il s’agit avant tout d’évaluer la pertinence d’une mesure avant toute décision. Pour Lyon, n’ayant pas encore le TOP soit un contournement complet possible de l’agglomération par l’automobile, je pense qu’il est prématuré d’envisager un péage urbain. Une fois qu’il sera réalisé, on étudiera à nouveau le dossier. On ne peut faire un péage urbain que si l’offre de transports est complète, globale et variée. Nous y travaillons en maillant davantage le territoire, avec le métro à Carré de Soie et bientôt à Oullins, le Tramway jusqu’à Décines, etc… Et le Vélo’v bien sûr !

Dans le cadre du Plan "modes doux" du Grand Lyon, l’objectif est de passer de 2,5% des déplacements à vélo à 5% en 2014. Ce Plan ne manque-t-il pas d’ambition, lorsqu’on sait que Bordeaux, ville de droite, s’est fixé pour objectif 15% ?
Le plan ne manque pas d'ambition, simplement il est concret et réaliste. L'objectif du Grand Lyon implique de créer 200 kilomètres d'itinéraires cyclables d'ici à 2014 et 400 de plus d'ici 2020 (au total, 600 de plus qu'aujourd'hui : 320). Cette "production" d'itinéraires cyclables est ambitieuse. L'objectif correspondant de modification des parts modales est à l'échelle du Grand Lyon, 57 communes, où l'on dénombre environ 3,9 millions de déplacements par jour.


La Tour Oxygène se veut la "première tour lyonnaise s’inscrivant dans une démarche de développement durable". Ne peut-on s’étonner qu’elle propose un parking de 495 places alors qu’elle est accessible par tous les moyens de transports en commun ?
A l’origine, la Tour Oxygène a marqué pour Lyon la relance d’un quartier d’affaires d’envergure européenne. La particularité du projet, c’est que sur les 28000 m² de la tour, 17400 m² sont en surface commerciale avec des ratios de places de parking plus stricts (une place pour 30 m²). Les 495 places se situent donc en-dessous des règles du Plan Local d’Urbanisme. Nous ferons mieux avec la prochaine, la Tour Incity, qui ne compte que des bureaux et pour laquelle il est prévu des places réservées dans les parkings existants, mais aucune place en propre.


4 commentaires:

Anonyme a dit…

Monsieur le Maire
Au moins les choses sont claires : pas de stationnement "propres" dans le projet INCITY.
Les riverains que nous sommes sont inquiets du surplus de circulation et de demande de stationnements induits par cette réalisation (dans un quartier déjà passablement saturé).Comment vont se garer les riverains qui n'ont pas les moyens d'avoir un garage : et ils sont nombreux ?
Entre le choix "idéologique", que j'approuve au demeurant, et l'option retenue pour INCITY, concrètement, il me semble qu'est exclue la prise en compte de la réalité, des étapes à prévoir, des comportements actuels et prévisibles à court terme de nos concitoyens.
Par boutade, mais pour me faire comprendre, je vous proposerais de fermer progressivement, tout de suite, les places de parking disponibles sur la zone de La part-Dieu pour "obliger" les lyonnais à ne pas prendre leur véhicule.
En définitive, de mon point de vue ce choix ressemble à celui qui consisterait à commencer une maison par son toit.
Pour la tour Oxigène, si je me fie à l'article de Madame Majou du Progrès du 2 juin 2009, j'observe que la mairie a accordé 60 places de plus que le nombre maximum autorisé. Où sont les cohérences entre ces deux projets réalisés par le même promoteur (Sogelym-Steiner).
Je suis convaincu que nombreux sont les lyonnais qui veulent vivre dans une ville agréable et non polluée par la circulation automobile. Cet objectif pourra être atteint en accord avec eux mais non "contre" eux, d'abord en concertation avec eux (surtout de la part d'une mairie de gauche qui utilise beaucoup le terme "participatif").
Vous avouerez aussi que ce choix impromptu et radical bénéficie complétement au promoteur sans apparente contrepartie. Cet accord est passé par dessus les riverains et les lyonnais intéressés ce qui introduit une suspicion très gênante sur les vrais motifs de cette décision.

Je compte, pour ma part m'opposer de tous les moyens disponibles à cette option avant même le déclenchement de l'enquête publique.J'ai pu vérifier que je ne suis pas seul.
Cordialement
Quichotte

Anonyme a dit…

Monsieur le maire,
Quand vous dîtes que le métro va jusqu'au Carré de Soie, il faut présiser que les clients du centre commercial doivent marcher 5 minutes depuis le métro et le tram. Essayez de le faire les jours de pluies, neiges... vous le faites une, deux fois et puis après vous reparter faire vos courses en ville.

Anonyme a dit…

Bonjour,

Je milite au PS et je vous invite tous a aller soutenir Jean Jack Queyranne pour les elections regionales de 2010 en Rhone Alpes sur http://www.uneregion-davance.fr

Sébastien a dit…

Monsieur le maire,

Le projet de gauche du "developpement durable" avec une prise en compte du "principe de réalité", n'est ce pas simplement glisser sous la couverture d'un terme ambivalent, une oxymore, développée elle comme simple pansement à un problème sociétal plus profond.

Vous semblez ne pas vous égarer en affirmant que le poids des aglomérations est important (en Tonne de CO2), mais n'avez vous pas peur d'échouer sur les objectifs de -20% pour 2020 ?
Je souhaite que la ville rattrape sont retard, entrainant l'aglomération ; la ligne C3 est un exemple de réussite urbaine, un developpement convaincant.

Malgré ces efforts je ne vois pas suffisamment d'import de savoir faire sociale des pays sud-américain. Ils ont des villes qui récompensent les citoyens qui recyclent d'une autre manière qu'à travers la subvention pour l'achat d'un composteur.

Mais, je peut distinguer une tour oxygène reflet du "capitalisme vert".

Bonne soirée