jeudi 11 juin 2009

Politique



" Rassembler sur une ligne claire... "



Voici mon interview au Progrès à la suite du conseil national du PS. Bonne lecture à tous !


Quel est votre sentiment après le conseil national du PS mardi soir ?

Il a été trop rapide. Après une telle défaite il fallait prendre le temps de débattre. Mais Martine Aubry a craint que ne s'organise un putsch de quadras ou d'autres auquel personne ne pensait. Elle avait prévu de constituer un super-secrétariat avec cinq ou six personnes dont Peillon et peut-être Valls. Et à la sortie, délice du PS, c'est avec Ségolène Royal que se fait l'alliance.

Considérez-vous que cette pratique nuit au PS ?

C'est justement ce que les Français lui reprochent : cette guerre de personnes alors qu'ils attendent un projet. Et aux Européennes le PS a encore été en difficulté. Notre discours était uniquement anti-Sarkozy.

D'où, en contre exemple, le succès de Cohn-Bendit ?

Lui seul a conduit une campagne sur le thème de l'Europe et avec une vision. L'électeur en général répond à la question qui lui est posée. Le PS n'a pas compris qu'aujourd'hui, il n'y a plus de camp aussi déterminé que dans le passé et que le socle électoral dur des partis s'est beaucoup réduit pour tout le monde. Tout le problème du PS est que le congrès de Reims ne s'est pas fait sur un clivage politique mais un clivage de personnes. Ainsi les réformistes qui, je pense sont majoritaires, se retrouvent dans toutes les motions. Au congrès, parmi les motions, seul Hamon avait au moins une pensée claire, même si ce n'est pas la mienne.

Vous sentez-vous plus proche de Cohn-Bendit ou d'Aubry ?

Cohn-Bendit, qui se définit libéral-libertaire ,n'est pas plus à gauche que les socialités : il est moins archaïque. Au PS on s'isole dans sa superbe. Nous sommes un peu trop catégoriques. Cohn-Bendit propose de rassembler toute la gauche et le MoDem. Il occupe la place centrale que devrait occuper le leader du PS. Aux régionales, les présidents sortants devront tenir cette position.

Le PS ne vous entend pas. Appelez-vous à la constitution d'une sorte d'UMP de gauche ?

Ce n'est pas dans la tradition de la gauche mais il faut rassembler, pas forcément dans le même parti. C'est ce que j'ai fait à Lyon. En rassemblant largement, vous provoquez ainsi le mouvement vers vous. Je commence à être entendu. Ceux qui gèrent le parti à Paris n'écoutent pas assez les élus locaux qui sont au contact de l'électeur, du patron de PME en difficulté. Certains disent à Paris « on a perdu les couches populaires ». Mais on a vu aussi partir des classes moyennes et aisées sur cette élection. Arrêtons de ranger les citoyens par catégories. On est dans une société beaucoup plus complexe que cela qui demande un projet fédérateur et lisible.

Vous a-t-on proposé un poste au sommet du parti ?

La façon forte dont je me suis exprimé montrait mon désaccord de fond. Je vais essayer de contribuer avec un certain nombre d'amis à redéfinir une pensée politique en me rapprochant d'un certain nombre d'intellectuels (économistes, philosophes, chercheurs). Des économistes tels Mathieu Pigasse, Gilles Finkelstein apporteraient beaucoup En fait, on reprend la ligne claire que nous n'aurions pas dû abandonner.

Ce qu'on appelle un think tank, un groupe de réflexion et de propositions ?

Exactement. Un projet crédible commun à toute la gauche et au delà se fera avec l'apport de compétences extérieures.

Vous êtes pour la disparition des courants ?

Oui, ce qui doit primer c'est le rassemblement sur une ligne politique claire avec une majorité et une minorité. Et je ne craindrais pas le cas échéant d'être dans la minorité mais il faut un débat. Depuis Blum, le PS est un parti de débat, mais il y a trop eu de compromis.

La secrétaire nationale des Verts, Cécile Dufflot, veut présenter des listes autonomes partout ?

Qu'elle prenne garde de ne pas commettre la même erreur que le PS pour les Européennes en prenant les décisions au sommet. Je pense que les Verts vont examiner la situation région par région. Les gens ne marchent plus au canon, aujourd'hui personne n'est propriétaire de son électorat. Il ne suffit pas de claquer des doigts à Paris pour que tout le monde mette le petit doigt sur la couture du pantalon. On l'a vu en région Sud-Est.

Participerez-vous à la campagne des régionales ?

Dès demain je serai en campagne avec Jean-Jack Queyranne. Il faut penser en terme de rassemblement au premier tour car c'est cela qui provoque une dynamique.

A Lyon, Europe-Ecologie devance nettement le PS ?

C'est le type d'élection et son contexte qui veulent cela. Vu comment s'est déroulée la campagne, comment les choix ont été faits, le résultat ne m'a pas étonné. Mais aux régionales, les électeurs regarderont le bilan de la majorité, de son président sur l'université, la recherche, la formation, l'aide aux PME, le développement durable.

Qui pourrait conduire la campagne des présidentielles ?

Si nous avions un leader naturel, ça se saurait. Le premier objectif est de gagner les régionales. Ensuite, pour la présidentielle, je suis favorable à des primaires ouvertes à toute la gauche. Plusieurs personnes chez nous sont capables de porter un projet clair et lisible.

Vous figurez dans la liste de ces personnes ?

Ce n'est pas mon problème. Ce qui m'importe est que soit réalisé le projet et je vais y travailler avec ce groupe ouvert.

Vos prises de position ont aussi créé des dissensions au sein de la fédération du PS ?

C'est de la noblesse que de laisser s'exprimer des façons de pensée différentes. Maintenant, si c'est une histoire d'amour déçu… Qui que ce soit veut refaire les élections municipales demain, je suis prêt à les refaire.

Pourriez-vous quitter le PS ?

Je suis né socialiste, le mourrai socialiste. Par fidélité à un passé, à une trajectoire. On ne se renie pas. S'il ne voulait plus de moi, le parti serait obligé de m'exclure. Mais je ne partirai jamais.


L'article sur le site du Progrès : cliquer ici


5 commentaires:

Eric a dit…

Mr Collomb

Je suis totalement d'accord avec vous. Il n'y a guère que le patron des MJS pour penser que le PS va bien aujourd'hui! Je vous trouve courageux tant semble impossible de remettre debout le PS.

Eric

Anonyme a dit…

Rien n'est impossible quand il y a une conviction forte, une solide expérience .
Le cap exprimé dans cet interview est très clair , encourageant, .

Ce ne sont pas des palabres, mais des incitations et des perspectives concrètes pour nous mobiliser le plus collectivement possible afin de construire le projet répondant au vide sidéral actuel, tous bords politiques confondus.

Merci de ne pas nous laisser décourager et désarmer face aux défis majeurs pour la démocratie.
Simone

Anonyme a dit…

pourquioi vous ne quitté pas le ps???

ye soui lé chévalié blanc a dit…

Tchao signor collombo! le problème du PS? son oligarchie vieillissante auquel s'ajoute une oligarchie renaissante teintée, celle là, d'une ambition arrogante, le PS fut un grand parti politique, le parti de François Mitterrand, un Homme d'Etat, un vrai celui-là, un intellectuel convaincu, réellement épris de justice sociale, l'âme d'un Chef d'Etat, vous savez, c'est une denrée tellement rare de nos jours, j'étais à Jarnac l'an dernier, c'est toujours un moment fort, gardez votre liberté de ton monsieur Collomb, mais soyez constructif dans vos prises de positions, il faut batîr ce leadership fort, pragmatique, crédible, qui manque cruellement au PS, rejoignez Ségolène Royal, voilà quelqu'un qui a su tirer les leçons de son echec à la présidentielle, travailler à réfléchir sur les questions d'enjeux qui se posent aujourd'hui afin de canaliser les enjeux de demain, dans tous les domaines de l'économie politique.

Jean Monnet avait dit, à juste titre, "rien n'est possible sans les hommes, et rien n'est durable sans les institutions"...

VANO a dit…

Merci de ces paroles, de ton exigence, et de ton engagement indéfectible. Militant socialiste depuis plus de trente ans, de tradition familiale, je les partage. Et la fidélité absolue justifie pleinement l'exigence. Même quand notre parti repousse loin les limites de la bêtise politique, comme dans l'élection municipale de Hénin Beraumont, où, face au Front National, le PS réussit à .. ne soutenir aucune liste alternative !