Dominique Strauss-Kahn

" Celui qu'ils redoutent... "

De Christian Jacob à François Baroin, c'est l'UMP qui ce week-end a donné de la voix pour critiquer Dominique Strauss-Kahn en des termes pour le moins border line. Preuve s'il en faut qu'il est bien celui que Nicolas Sarkozy craint le plus dans la course aux présidentielles de 2012. Pour ma part, je ne suis pas de ceux qui affectionnent le jeu des petits mots assassins. Ne comptez donc pas sur moi pour en rajouter. Comme mon ami Jean-Marie Le Guen je dirais simplement que "les sarkozystes ont déjà désigné en DSK l'adversaire qu'ils redoutent le plus !"

Dominique Strauss-Kahn - DR

En fait, ce qui dans le feu de ces critiques a retenu mon attention, c'est le décalage des propos du président du groupe UMP à l'Assemblée nationale avec la réalité. En cherchant à diviser nos concitoyens en deux catégories, "ruraux" contre "urbains", Christian Jacob ne se contente pas simplement d'opposer les Français entre eux de façon caricaturale, il jette surtout un voile sur la profonde évolution qu'a connue la France ces dernières décennies. J'étais ce week-end à Saint-Etienne - pour le derby bien sûr ! - mais d'abord pour travailler avec les présidents de Saint-Etienne Métropole, de la CAPI et du Pays Viennois. Ensemble nous partageons la même vision. Celle d'une métropole respectant aussi bien les impératifs liés au développement de nos villes que ceux propres à la préservation des espaces agricoles qui les entourent. L'ensemble devant, par des politiques volontaristes de transports, par un développement économique concerté, fonctionner en interaction et en pleine complémentarité.

Je ne doute pas que mon collègue Christian Jacob qui exerce lui-même plusieurs mandats locaux sache tout du fonctionnement de nos territoires. Et au fond, ce décalage entre la posture purement politicienne et la réalité que nous vivons tous, je le ressentais déjà au Sénat lors des débats sur la réforme des collectivités territoriales. Je me suis alors rendu compte de ce qui préoccupait le plus certains responsables de l'UMP : le nombre d'élus qu'ils obtiendraient in fine sur les bancs de nos assemblées locales, le reste paraissant bien secondaire !

Pourtant se jouait derrière cette réforme quelque chose de crucial pour l'avenir de notre pays : la poursuite du grand mouvement de décentralisation, celui ouvert par la gauche au début des années 80. Cette réforme, c'était une chance pour aider la France à progresser, à se moderniser, à améliorer sa compétitivité sur la scène mondiale. Les responsables de l'UMP l'ont laissée passer. Dans ce contexte, il semble en effet plus aisé pour eux d'abaisser le niveau du débat que d'affronter leurs opposants sur le terrain des idées.


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