mercredi 6 avril 2011

Débat sur la laïcité

" Etre responsable "

L'UMP tenait hier son débat sur la laïcité dans un hôtel parisien. Depuis son échec aux cantonales, le parti présidentiel se fracture sur ce sujet et l'absence, hier, de François Fillon et d'Alain Juppé en dit plus que la présence d'une moitié du gouvernement. En toile de fond, c’est l’attitude face à la montée du FN qui est en jeu avec deux stratégies opposées. Comme l'a souligné une journaliste du Point, ce débat était "l'endroit où être, pour les uns. Et pour les autres, c'était à l'inverse l'endroit où ne surtout pas être" ! Nicolas Sarkozy, lui, a clairement tranché, préférant continuer à semer le germe de la discorde dans notre pays. Pour ma part, j'ai une tout autre conception de la mission des responsables politiques qui est de rassembler les Français. Non de jouer la stratégie de la tension visant en permanence à les dresser les uns contre les autres. 

En effet, il est toujours facile de faire monter le rejet de l'autre, le repli sur soi, l'intolérance. Il est plus difficile de favoriser la concorde civile, la solidarité, le respect mutuel dans un pays où vivent des populations très différentes dans leurs origines, leurs croyances, leurs cultures. En tenant des discours paroxystiques ciblant les immigrés, l'insécurité, les musulmans, les jeunes des quartiers… Nicolas Sarkozy ne résout rien. Bien au contraire ! Il ne fait qu'accroître l'audience d'une Marine Le Pen qui, comme je l'ai écrit dans mon livre, n'attend que nos erreurs pour développer, demain, un grand parti populaire xénophobe en France. 

Alors, était-il opportun de lancer à un an des présidentielles un débat sur la laïcité ? Certes notre société en 2011 n'est pas celle de 1905. L'islam est devenu la deuxième religion de France. Cela exige de savoir répondre aux attentes que ces changements entraînent forcément. A Lyon, nous nous y attelons tous les jours, sans faire de vague, avec sérénité. Car sur ces questions sensibles, touchant à ce que nos concitoyens ont de plus intime dans leur identité, je préfère le dialogue et l’ouverture toujours gages d'efficacité. 

Un exemple ? Celui des cantines scolaires cher à ma collègue Nathalie Kosciusko-Morizet qui déclarait avant-hier : "C'est un sujet qui se pose quotidiennement et commence à casser la tête à tout le monde !" A Lyon, nous servons 16000 repas par jour dans nos cantines scolaires municipales. Evidemment, nous essuyions des refus de parents que leur enfant mange de la viande, pour des motivations très diverses. La solution fut celle d'ajouter un repas complet sans viande à côté du menu proposé. Mise en place dès 2008, cette démarche a rencontré un réel succès et de nombreuses villes sont venues à Lyon pour s'en inspirer. Alors que les élèves quittaient nos cantines, nous avons constaté, - non sans difficulté ! -, qu'ils étaient revenus massivement. 

Ce travail a nécessité plus de six mois de concertation et fédéré un grand nombre d'acteurs : représentants des principales religions bien sûr, mais aussi associations de défense des droits de l'homme, de parents d'élèves et autres se sentant directement concernées par ces questions. Le débat a donc bien eu lieu au moment où nous avions cette situation complexe à surmonter. Le débat a lieu en permanence dans nos villes où les élus ont à gérer quotidiennement des contradictions.  "L'existence d'une nation est un plébiscite de tous les jours" disait Renan. Sa belle formule mériterait d'inspirer un peu plus ceux qui jusqu'en 2012 ont la responsabilité de gouverner aux destinées de notre pays.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Je ne suis pas fan de Renan.

Slimane a dit…

Bravo Gérard pour cette position courageuse. J'adhère à 100% avec votre analyse. Ce sont des sujets sensibles. En face on a des malades comme Guéant qui a été chargé par Sarko d'aspirer les voix du FN pour 2012. Le piège à con est en route !
SLIMANE

Boris a dit…

marre de ces renoncements à la laicité. jusqu'ou comptez vous ceder ?

JayKay a dit…

Enfin une analyse raisonnable de ces débats stériles qui agitent notre pays depuis des mois.

J'affectionne tout particulièrement l'exemple des cantines scolaires illustrant votre propos.

Finalement, c'est par un dialogue constructif et apaisé que les sujets les plus sensibles peuvent être abordés sereinement.

Jay

Anonyme a dit…

Oui à la sérénité , au débat, non à la violence.. .
L'exemple des repas sans viande à la Ville de Lyon n'est pas une entorse à la laïcité comme le laisse entendre le commentaire de Boris. Pour certains parents ne pas faire manger de la viande à leurs enfants ne relève pas d'une conviction religieuse, mais de pratiques simplement végétariennes auxquelles ils sont attachées. L'école doit être effectivement le lieu où chacun doit s'y retrouver.. à l'image de ce que doit être la vie en société.
Faire société ce n'est pas cherché la guerre à celui qui ne nous ressemble pas, c'est une exigence de respect et de "non violence authentique", elle est toujours à défendre, surtout quand nos dirigeants nationaux s'érigent en va -t-en guerre tous azimuts.
Oui la France de Renan me va mieux.
Simone

Anonyme a dit…

@Simone, merci de cet appel au calme et au débat apaisé :) ça manque par les temps actuels. Mais Boris n'a pas forcément tort à 100% et je crains que certains extrémistes tentent d'imposer leurs exigences dans l'école de la république. En particulier dans les quartiers dits sensibles. La réponse est de faire de la mixité sociale, de déghéttoiser ces zones à la périphérie. Je crois que l'extrémisme est aussi du côté des ultras laïcards qui ne veulent pas voir la société telle qu'elle est aujourd'hui : plurielle, bigarrée, diverse !

marilou a dit…

Le PS a, une fois de plus, manqué de clarté et de cohérence sur ce sujet.

Votre propos est réfléchi et intelligent, à l'heure où le chef de l'Etat et son parti n'ont plus qu'une seule idée en tête : opposer les français, semer le chaos, jouer comme vous le soulignez "la stratégie de la tension" pour rester, à tout prix, à l'Elysée.