mardi 2 mars 2010

A l'affiche


" La Rafle, un film bouleversant " 




J’ai été bouleversé, hier soir, en découvrant "La Rafle", le film que vient de réaliser Roselyne Bosch sur la rafle du Vel d’Hiv. Comme beaucoup de ceux de ma génération nés au lendemain de la guerre, je croyais tout savoir, ou presque, de cette tragédie qui se noua dans notre pays les 16 et 17 juillet 1942.

L’enseignement de l’histoire, la lecture des grands témoins, Primo Lévi, Elie Wiesel, Jorge Semprun, le documentaire Shoah de Claude Lanzmann, mes visites d’Auschwitz ou encore du mémorial de Yad Vashem, en Israël : oui, au fond de moi, je pensais sincèrement avoir appréhendé cette page noire de notre histoire dans sa dimension la plus tragique.



Hier soir, pourtant, dans l’obscurité de la salle, c’est un tout autre sentiment qui m’a envahi alors que je découvrais ce film puissant, dont la force est de nous montrer la réalité sans fard, oppressante, abjecte. Le cinéma a cette capacité unique à rendre les émotions palpables. Roselyne Bosch ne s’est pas contentée de raconter une histoire. Elle nous la fait vivre de l’intérieur, en nous plongeant dans ce passé pas si lointain, qui vit le destin de dizaines de milliers de nos concitoyens basculer dans l’horreur.

"La Rafle" est inspirée du sort que connut à l’été 1942 le petit Joseph Weismann, 11 ans à l’époque. Avec sa famille, il fut raflé par la police française comme 13000 autres Juifs parmi lesquels plus de 4000 enfants. Bien évidemment, les chiffres seuls ne suffisent pas à dire l’effroi que suscitent la vue de ces enfants arrachés des bras de leurs mères, les hurlements de ces victimes vouées à l’extermination et qui avant d’être massacrées connurent une véritable descente aux enfers.

Il y a dans ce film des scènes que je n’oublierai jamais. Celles, insoutenables, de cette enfance anéantie, des violences gratuites, des humiliations. Celles aussi de tous ces personnages qui permirent que 10000 Juifs échappent à cette rafle du Vel d’Hiv. Des anonymes, comme cette infirmière, Annette Monod, jouée par Mélanie Laurent. A travers ses yeux, on découvre l’horreur du Vel d’Hiv.

Comme beaucoup d’autres, cette femme a résisté et puis, quand vint le temps de la paix, que le monde découvrit l’horreur des camps, elle continua le combat contre toutes les formes d’injustice. Il faut aller voir "La Rafle". Il faut y aller en famille. Et y amener ses enfants. Car ne pas connaître son histoire, c’est être condamné à la revivre.

C’est le grand message de ce film dont nul ne ressortira indemne.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous avez bien de la chance d'avoir besoin d'un film pour avoir ressenti les horreurs de cette guerre ! imaginez que vous ayez vécu/senti l'avant (la panique d'expliquer l'urgence de comprendre...), le pendant (l'horreur) et l'après. Science fiction?
Les gens m'énervent, leur complaisance et leur air satisfait. Satisfait de quoi? Voyez l'Histoire et l'état du monde!!!

Anonyme a dit…

La lettre de Pike, 1871 : info ou intox?

http://www.dailymotion.com/video/x9ffem_llp-urgent-la-lettre-de-pike-%C3%A0-mazz_news

Annie a dit…

Merci de ce commentaire. J'irai voir ce film avec mes enfants de 10 et 12 ans.

Annie

Seb a dit…

M. le maire, je profite de ce message pour vous remercier de votre engagement dans le grand lyon film festival. Pouvez vous nous dire qui sera l'invité vedette de la prochaine édition ? Après Clint Eastwood ça va être compliqué de trouver mieux !

Anonyme a dit…

Oui il faut aller voir ces séquences de notre Histoire.
Mais il faut, au delà de l'émotion, pouvoir expliquer comment des gens ordinaires , comment un Etat, on pu en arriver là au nom d'une idéologie totalitaire, qui s'est construite sur la méfiance , puis la défiance et enfin la haine de celui qui ne nous ressemble pas. ceux ci deviennnent ainsi "indésirables" , juste parce qu'ils sont ce qu'ils sont! en 1940 c'étaient les juifs, les tziganes, et ceux qui résistaient au nazisme! Aujourd'hui, demain il faudra encore résister contre toutes les tentations de trouver de nouveaux indésirables à "raffler".
Simone

romain blachier a dit…

merci pour ton ressenti d'émotions. Plus légérement je viens de te tagguer dans une chaine http://o-x.fr/wcdj

Nadine a dit…

Gérard,

Je suis allé voir ce film et j'ai moi aussi été bouleversée. Je craignais un film un peu larmoyant, voire "spectacle". Mais en fait c'est un très bon film, un film juste sur ce sujet ô combien sensible. Ce qui m'a peut-être le plus frappé, c'est la place des enfants dans cette tragédie. Comment ne pas pleurer ? Comment ne pas se sentir coupable ? Jacques Chirac a été le premier président à reconnaître la responsabilité de l'état français dans la déportation des juifs. Bien que je ne sois pas de droite, je lui suis infiniment reconnaissante pour cela. En même temps, je m'interroge et sans vouloir polémiquer, je ressens un profond malaise chaque fois que dans des défilés pour la Palestine on voit agiter des croix gammées. Quel est le sens de cela quand on sait ce qui a été commis entre 1940 et 1945 ? Il y a des lignes infranchissables et la Shoah en est une. Je partage votre point de vue. Il faut aller voir la Rafle et surtout inviter tout le monde à voir ce film bouleversant.

Nadine