mercredi 11 mars 2009

Européennes



" Interview LePoint.fr "




Le Point.fr publie un interview au cours duquel je suis revenu sur le sens de ma démarche de rénovation vis-à-vis du Parti Socialiste. Bonne lecture à tous !


Lepoint.fr : Pourquoi ne pas avoir vu Martine Aubry lundi matin, comme cela avait été évoqué ?

Je me bats pour une réforme globale des modes de désignation des candidats du PS. C'est cela qui, me semble-t-il, ne fonctionne pas et qui fait qu'aujourd'hui le Centre, l'Est de la France, le Sud-Ouest connaissent une crise de démocratie interne relativement grave. Je ne voulais pas qu'après un entretien en tête à tête avec Aubry - comme elle le souhaitait - certains membres de la direction continuent à diffuser l'idée selon laquelle je me bats uniquement parce que je ne suis pas content que mon "poulain", comme ils disent, ne soit pas candidat. Aller voir Martine Aubry seul aurait pu me mettre en porte-à-faux par rapport aux signataires de la pétition que j'ai initiée. Je voulais que des signataires soient là pour qu'on ne dise pas derrière leur dos que j'ai bradé leurs territoires pour ne parler que du Sud-Est.

La "direction nationale" du courant L'espoir à gauche, dirigé par Vincent Peillon et dont vous êtes, appelle à voter en faveur des listes. Que cela vous inspire-t-il ?

Il n'y a, au bas de cet appel, ni mon nom bien sûr, ni sans doute celui du député-maire de Dijon François Rebsamen, qui n'est pas enchanté de la liste présentée dans l'Ouest, ni celui du président de Désir d'avenir Jean-Pierre Mignard, ni celui du président de la Communauté urbaine de Bordeaux Vincent Feltesse, ni celui de mon adjointe à la mairie de Lyon Najat Vallaud-Belkacem (les trois derniers sont de fait signataires de la pétition lancée par Gérard Collomb). Donc s'autoproclamer "Direction nationale de L'espoir à gauche" et se réunir à 15 personnes c'est sympa, mais ceux qui ne sont pas d'accord représentent une partie importante de ce courant.

L'espoir à gauche est-il en train de se séparer en deux ?

Nous, on ne perd jamais l'espérance. Si l'espoir à gauche veut encore de nous demain, on fera vivre notre différence en son sein et on rappellera que c'était nous, ensemble, la motion E, qui avait porté cette idée de faire désigner nos candidats par les électeurs lors du congrès de Reims. On a toujours été partisans de primaires ouvertes. Alors ce n'est pas la peine d'avoir dénoncé pendant tout le congrès des méthodes bureaucratiques et jacobines, d'avoir dit qu'il fallait rendre la parole au militants, pour agir comme ça aujourd'hui. Si nos amis d'Espoir à gauche ne sont plus sur la position définie au congrès, il va falloir qu'ils révisent les bases sur lesquelles ils veulent se battre dans le parti. Je rappelle que c'est nous qui avions introduit, ce qu'Aubry a d'ailleurs repris, le conseil des territoires. Le but : mieux associer les responsables locaux aux décisions nationales quand une décision les concerne fondamentalement. Et maintenant qu'on vote non pas sur une liste nationale mais par grandes régions, on ne les consulte pas. C'est un paradoxe terrible !

Vous en avez parlé avec vos "amis" de L'espoir à gauche ?

Non parce que je suis au MIPIM (Marché international des professionnels de l'immobilier, à Cannes, ndlr) actuellement. De même, je ne pourrai pas parler avec Martine Aubry mardi soir au bureau national, toujours parce que je suis au MIPIM. J'espère qu'elle ne m'en voudra pas. On se verra dans les jours qui viennent.

Avez-vous l'impression que le parachutage de Vincent Peillon dans le Sud-Est avait également pour but de déstabiliser votre courant ?

En tout cas, ça n'aidait pas à sa réunion apparemment (rires). Donc il peut y avoir des arrière-pensées de cette sorte... Si franchement c'est ce type d'arrière-pensées qui ont prévalu, elles ne sont pas à la hauteur des enjeux.

Que comptez-vous faire si, suite à votre action, des listes ne sont pas votées jeudi soir dans certaines régions ?


Cette option est tout à fait envisageable notamment dans le Centre et dans l'Est. Si ça arrive nous en discuterons avec la direction le moment venu. Le but de ce combat, c'est la rénovation de ce parti, c'est d'imposer d'autres modes de désignation que ceux auxquels on a assisté.

Si à l'inverse elles sont acceptées dans toutes les régions, envisagez-vous de quitter le PS ?

Je ne vais pas quitter le PS ! Je l'ai fondé ce parti ! Je ne suis pas un scissionniste. On se réunissait à 40 à l'époque (au début des années 1970) et de là je suis passé à la conquête de Lyon. Donc je n'envisage pas de quitter le PS. Le PS va peut-être avoir envie de me quitter mais pas moi, même si je trouve quelquefois qu'un certain nombre d'amis du PS exagèrent. Je pense notamment à Jean-Christophe Cambadélis lorsqu'il fait un communiqué nous traitant de "quarteron d'élus" putschistes ... Je pense qu'on n'en est pas là quand même.

Le PS aurait-il envie de vous quitter ?

Personne ne peut dire aujourd'hui qu'on va virer le maire de Lyon ou le président de la communauté urbaine de Bordeaux ! Quelque part je crois qu'il va falloir qu'ils supportent que je sois un peu hétérodoxe. C'est d'ailleurs ce qui fait la force du PS, sinon on aurait adhéré au Parti communiste au congrès de Tours. Ce n'était pas notre choix idéologique. Si on s'est retrouvé au PS, dans ma génération en tout cas, ce n'était peut-être pas tout à fait par hasard, c'était parce que c'était un parti de libre débat.

Un parti de libre débat où tous les courants ont fini par se retrouver au sein de la même direction...

J'étais plutôt pour cette entrée des royalistes à la direction. J'étais un de ceux qui pensaient que le PS devait se rassembler mais encore une fois, avec des méthodes de direction inspirées de la rénovation, pas avec des méthodes du passé ! Est-ce qu'on a envie que le PS soit un parti moderne, ouvert sur la société ? Si on peut encore canaliser nos militants on ne peut plus canaliser l'électorat français. L'électorat français vote comme il a envie de voter et si le PS n'est pas en concordance avec les aspirations de la société française, multiples, plurielles, et si vous avez un parti qui dit je ne veux voir qu'une tête , à mon avis il ne correspondra pas longtemps avec la société française d'aujourd'hui.

Comment envisagez-vous la sortie de crise ?

Un certain nombre d'électeurs vont être totalement déstabilisés par la situation, notamment dans le Sud-Est, et c'est pour ça que j'ai la position que j'ai actuellement. J'espère pouvoir faire changer les choses. Maintenant, je finirai bien par faire campagne un jour parce que ce parti je l'aime et je ne vais pas le laisser tomber. Je ne serai peut-être pas au premier rang de la bataille avec le drapeau comme j'ai l'habitude de le faire dans les combats difficiles, mais en tout cas j'apporterai toujours les sandwichs à la mi-temps !


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