lundi 5 janvier 2009

Voeux aux corps constitués


" Une nouvelle grande transformation ..."


Voici les voeux que j'ai présentés ce soir à l'Hôtel de Ville devant les représentants des corps constitués de notre région. Bonne lecture à tous !



" En ce début d’année 2009, je veux vous adresser des vœux de santé, pour vous, vos familles, vos proches.

Des vœux de bonheur dans vos vies personnelles, mais aussi des vœux d’épanouissement et de réussite dans vos vies professionnelles. Dans le contexte difficile que nous traversons, c’est sans doute là un vœu qui prend une résonance un peu particulière.

Cette année 2009 sera évidemment marquée par la crise qui ouvre une période d’incertitude et de crainte.

Un certain nombre de nos entreprises connaissent déjà ou vont connaître dans les prochains mois de grandes difficultés. Ce qui va inéluctablement avoir des conséquences sur la vie de beaucoup de nos concitoyens : perte de pouvoir d’achat ou plus grave, perte de leur emploi.

Face à cette situation, la première réponse qui doit être la nôtre est celle de la solidarité.

Plus qu’hier encore, les souffrances et mêmes les drames que va entraîner cette crise doivent être l’objet prioritaire de notre attention, pour que, chacun dans notre fonction, nous puissions tenter d’en atténuer la portée.


Mais au-delà des politiques immédiatement mises en place, nous sentons bien que cette crise doit nous interroger en profondeur quant à l’avenir de notre société.

Au moment où elle produit pleinement ses effets, nous comprenons mieux quels ont été les mécanismes qui ont amené l’ensemble de nos pays au bord du chaos. Avec une économie qui, dans la sophistication même des produits financiers inventés, finissait par avoir perdu tout contact avec la base productive réelle.

Avec une économie sur laquelle plus personne n’avait de contrôle réel, où l’on avait même perdu la possibilité d’avoir une vision globale du système qui s’était progressivement mis en place.

Le choc est donc pour nous brutal. Mais par sa dureté même, il nous invite sans doute collectivement à repenser notre avenir !

Sur le plan purement économique, je suis persuadé que les mois et les années qui viennent, vont ouvrir une nouvelle ère, marquée par l’instauration de normes plus exigeantes, par un renforcement des coopérations régionales au niveau de la planète, par la mise en place de véritables outils de régulation de l’économie mondiale au travers d’un rôle plus actif donné aux grandes institutions internationales.

Mais au-delà de ces modifications des règles économiques, je crois que cette crise va poser davantage encore le problème du sens et des valeurs qui gouvernent notre monde.

Les disparités à l’intérieur des pays comme entre les pays vont apparaître plus insupportable encore au moment où viennent de s’évanouir des milliers de milliards de dollars ou d’euros, quand juste avant la crise on soulignait la difficulté à prendre en compte la solidarité avec les plus humbles ou bien l’incapacité à se mobiliser davantage pour éradiquer la misère dans certains pays du tiers monde.

De la même manière, le problème des dérèglements climatiques va prendre dans cette nouvelle période une acuité de plus en plus forte. Ils vont nous obliger à transformer profondément nos modes de production comme de consommation, mais ils seront aussi porteurs d’avenir fort pour les pays qui auront su les anticiper et les porter économiquement.

C’est à la lumière de ce que le grand économiste Karl Polanyi aurait pu qualifier de "nouvelle grande transformation" qu’il va nous falloir dans les années qui viennent penser le cours de notre ville.

Et dans cette période, nous n’avons pas le droit de penser médiocre, d’être guidés par de petits calculs ou par la défense de quelque pré carré.

Les grands enjeux auxquels nous allons être confrontés, nous les connaissons bien.

Il s’agira tout d’abord dans le contexte difficile d’aujourd’hui de préserver au maximum notre tissu économique. Et la commande publique pourra y aider.

Il s’agira surtout, dans cette période, de savoir préparer l’avenir.

Préparer l’avenir, ce sera, être capable de faire émerger une Université qui puisse figurer dans les grands classements internationaux,

Préparer l’avenir, ce sera la possibilité pour notre ville de développer ses pôles d’excellence afin d’être à l’avant-garde des technologies et des productions nouvelles.

Préparer l’avenir, ce sera conforter Lyon comme une grande place tertiaire de niveau européen, développer les grands projets que nous avons mis en chantier, ceux de la Part dieu de la Confluence ou du Carré de soie.

Préparer l’avenir, ce sera aussi la capacité, pour nous, de dépasser les limites de notre agglomération et de savoir construire une grande métropole capable de rayonner en Europe, avec la ville voisine de Saint-Etienne ou avec la communauté d’agglomération des pays isérois.

Mais pour les villes comme pour les nations, la question la plus fondamentale ne sera pas seulement celle de leur développement, elle sera aussi celle du sens.

Quelle vision avons-nous de la ville de demain ?

Nous savons, nous, ce que nous voulons : une ville réconciliée avec elle-même, une ville qui par la résorption des fractures existantes entre nos quartiers et nos communes permette aussi de réduire les coupures sociales entre les femmes et les hommes qui l’habitent.

Une ville qui par la conception de son urbanisme, la fonctionnalité de ses transports, la qualité de ses équipements, offre à chacun la condition d’un plein épanouissement.

Une ville qui ait la volonté de concilier audace architecturale mais aussi préservation et développement d’espace naturels ou chacun, à l’exemple des berges du Rhône ait plaisir à se retrouver.

Bref une ville qui permette l’échange, l’échange des pensées, des émotions, des sentiments. Une ville dont l’unique objet soit les femmes et les hommes qui l’habitent.

Je crois donc que cette période de crise, si elle suscite le doute, peut aussi être porteuse de raisons d’espérer.

Car elle va changer l’ordre de nos priorités, nous faisant remettre en cause ce qui est superficiel pour redonner leur place à des valeurs intellectuelles ou spirituelles que nous avions peut être trop laissées de côté.

La crise peut nous redonner l’envie d’aller à la quête de nouvelles utopies. Elle va nous amener à puiser dans les ressources de nos intelligences et de notre créativité les moyens de la dépasser dans l’invention d’une société nouvelle.

Je suis pour ma part optimiste, optimiste dans les moyens de construire ensemble la société du 21e siècle, optimiste surtout sur notre capacité à faire de Lyon le modèle de ce doit être demain la nouvelle société urbaine : tout simplement, une société humaine.

Cette ville est riche d’énergies, d’enthousiasmes et de talents.

Si nous continuons à savoir les fédérer, si nous continuons à avoir la volonté d’avancer ensemble, alors l’intelligence et la générosité du cœur peuvent nous permettre d’inverser le cours des choses.

C’est ce que collectivement je nous souhaite !

C’est ce que je souhaite pour Lyon !


C’est ce que je souhaite pour notre pays.


Mesdames et Messieurs,

Que cette année 2009 soit pour chacun d’entre vous propice à la réalisation de toutes vos espérances, qu’elle apporte à vos familles et à vos proches tout ce que vous pouvez leur souhaiter de meilleur.


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