lundi 18 janvier 2010

Voeux à la presse


" Société du spectacle ? "



Je présentais ce matin mes vœux à la presse. L’occasion pour moi de vous informer que la ville de Lyon et le Grand Lyon accorderons ensemble une subvention exceptionnelle de 150.000 euros pour les victimes du terrible séisme en Haïti. Nous allouerons cette aide à l’organisation Handicap International, déjà présente sur place

Lors de mes vœux aux journalistes, j’ai également souligné que pour moi, chose publique et information étaient indissociables.

J’ai toujours pris au sérieux l’information. J’ai toujours tenu en haute estime le rôle du journaliste. D’ailleurs, le premier journal, auquel jeune étudiant, je me suis abonné, c’était Combat. Un journal qui voulait concilier liberté de ton et exigence de l’écriture, dans l’esprit de Camus, lorsqu’il appelait "à élever notre pays, en élevant notre langage."...



Pour moi, un mot écrit ou prononcé se doit d’être juste. Juste, cela veut dire adapté, pour un journaliste comme pour un homme politique. La parole ou la plume peuvent être engagées, et je ne suis pas de ceux qui pensent que l’on peut trouver un lectorat, ou un électorat, au travers d’un robinet d’eau tiède. A condition que l’engagement soit transparent, qu’il ne se départît jamais d’une exigence de vérité, d’authenticité, et toujours, d’un respect des personnes.

C’est ce qu’attendent nos concitoyens de celles et de ceux qui sont engagés dans une forme ou dans une autre dans le débat public. Ils n’attendent pas que nous soyons infaillibles. Ils attendent que nous soyons sincères !

Car quand la vie publique n’est plus que coups, apparences, quand elle se réduit à la seule tactique, au seul marketing, elle perd le respect de nos concitoyens qui se détournent de ce qui n’est plus, pour eux, qu’un théâtre d’ombres. C’est trop souvent là l’irréalité de notre vie publique…

Quand tout n’est plus dans le débat que faux-semblants et trompe-l’œil, il ne faut pas alors s’étonner que le débat démocratique finisse par ne rencontrer que l’indifférence ou le mépris dans l’esprit de nos concitoyens.

La période actuelle est de ce point de vue, selon moi, inquiétante.

Quand des débats publics sont lancés, avec pour seul but de mobiliser pour des élections, quitte à susciter des frustrations, des peurs, dont on sait, pourtant, qu’elles peuvent remettre en cause l’équilibre du pays, aboutir à dresser les Français les uns contre les autres, alors il y a de quoi s’interroger sur la bonne santé du débat démocratique.

Quand la politique se résume à la société du spectacle, et que, par exemple, la politique de la chaise vide devient la forme la plus aboutie du débat politique, alors je pense qu’on peut s’inquiéter. Comment s’étonner dans ces conditions que ces débats ne finissent plus par intéresser que les seuls aficionados d’une bulle politico-médiatique et qu’il provoque le désintérêt quand ce n’est pas la désespérance de tous les autres ?

Car derrière tant de brouhaha et de tohu-bohu, les questionnements de nos concitoyens sur les enjeux cruciaux de leur existence, de celle de leurs enfants, demeurent sans réponse. Accroissement du chômage ; montée en puissance des économies des grands pays émergents ; questionnement sur la durabilité de notre système de protection sociale, des régimes de retraite ; paupérisation et ghettoïsation de nos banlieues… C’est parce que ces questions-là sont exclues du débat, où l’on s’affronte sur une formule, sur un bon mot, que la politique en France intéresse de moins en moins de nos concitoyens.

" Les 26 et 27 septembre, un nouveau Forum Libération à Lyon... "

J’ai toujours pensé que les ciseleurs de petites phrases ou de petites mises en scène, deviennent les fossoyeurs du débat démocratique. Car la politique, lorsqu’elle s’écrit avec un grand P, intéresse nos concitoyens.

"Les journées de l’Economie", organisées par l’ENS avec des grands journalistes économiques, le "Forum Libération", autour des 20 ans de la chute du mur de Berlin, l’ont amplement démontré où l’on a pu voir à Lyon un public jeune, attentif, passionné. Le débat était alors sur le fond et non pas sur la forme.

C’est pourquoi nous continuerons à organiser de telles manifestations. Les 26 et 27 septembre nous organiserons un nouveau Forum Libération, avec de nouveaux partenaires, The Independent, La Repubblica, autour du thème "Planète durable".

On ne peut pas avoir de société rayonnante sans une presse qui soit rayonnante. C’est vrai pour une agglomération comme la nôtre qui du point de vue de sa taille démographique, de sa puissance économique, du rayonnement qu’elle a dans les domaines de l’urbanisme, de l’architecture, de son aura culturelle, est en train de devenir une grande capitale européenne.

C’est pourquoi, permettre à Euronews de rester à Lyon est un enjeu important. C’est pourquoi la constitution d’un pôle médias à La Confluence me semble essentielle. Ce défi est important pour notre agglomération, il l’est évidemment pour notre pays. Avoir une presse libre, indépendante, c’est faire entendre dans le monde la France des libertés.


Télécharger (format Pdf) le discours des vœux à la presse dans son intégralité : cliquer ici.


7 commentaires:

Anonyme a dit…

bien envoyé gégé!

Anonyme a dit…

Quand la politique se résume à la société du spectacle, et que, par exemple, la politique de la chaise vide devient la forme la plus aboutie du débat politique, alors je pense qu’on peut s’inquiéter : Monsieur Peillon n'a qu'à bien se tenir !!! Bien parlé M. le Maire.

R.Perrin a dit…

Cher M. Collomb,

Bravo, encore une fois, pour cette belle leçon de démocratie. Je ne connais pas beaucoup de responsables capables aujourd'hui d'autant de clairvoyance sur le rôle des médias dans notre société, et de celui des hommes politiques quant aux débats qu'ils lancent dans l'opinion. L'identité nationale, la burqa, l'immigration... Ce cher M. Besson est tombé bien bas. Son ex femme a publié un livre fort intéressant. Je ne suis pas voyeur, mais je vous invite à le lire pour bien comprendre la personnalité perturbée de ce monsieur ! En tout cas je vous félicite encore une fois pour votre engagement et votre courage.

Amitiés,

Anonyme a dit…

très bonne intervention ce matin sur canal. je suis tout à fait d'accord avec vous sur le dossier des retraites.

Anonyme a dit…

J'ai manqué le RV de Canal, mais cette approche des questions de fond même à l'occasion des voeux à la presse qui sont un exercice trop souvent protocolaire, c'est vraiment réconfortant et nous en avons bien besoin!
Très bonne perspective avec ces nouveaux RV de débats en Septembre.
Simone

Anonyme a dit…

Très bien vos voeux à la presse. Sur la forme, rien à redire. Mais sur le fond, n'avez vous pas la possibilité d'aider ce secteur en crise profonde ? N'y a-t'il pas des mesures que la ville de Lyon pourrait prendre pour aider ces entreprises de presse et les journalistes à sortir de la crise ?

Anonyme a dit…

La France doit 150 millions de franc or à Haïti. Avec les intérêts ces 150 000 € sont une insulte.