mercredi 9 septembre 2009

5e Forum Libération


20 ans après la chute du mur...




Dans moins de 10 jours démarrera à Lyon le 5e Forum Libération. Trois jours d’échanges, de débats, de dialogue. Lyon est ici pleinement dans sa vocation



Avec Max Armanet, directeur du développement du quotidien Libération, grand organisateur de ce Forum, et Yvon Deschamps, représentant notre partenaire la région Rhône-Alpes, nous avons présenté hier à la presse les contours de ce grand événement que sera le 5e Forum Libération à Lyon, du 18 au 20 septembre.


Au cours de cette conférence, je suis revenu sur le thème de ces rencontres : "20 ans après la Chute du Mur de Berlin". 1989 : cette date a marqué la vie de tous les Européens, et au-delà, de tous les peuples du monde.


Ce 5e Forum Libération s’inscrit dans notre volonté profonde que Lyon soit ville de rencontres, de dialogue, de libre discussion sur les grands thèmes de la réflexion contemporaine. Devant les journalistes, j’ai d’ailleurs rappelé combien c’était une tradition de notre Cité que d’être cette terre de confluence où se sont manifestés quelques-uns des grands courants de pensée.


" Aux antipodes du centralisme parisien... "


Au 16e siècle, Lyon était déjà aux avant-postes de la vie intellectuelle. La présence des grands imprimeurs favorisait cette effervescence : Etienne Dolet, Sébastien Gryphe, Jean de Tournes et d’autres dont les travaux ont contribué à la diffusion de l’humanisme à Lyon. Notre Cité était alors un haut lieu de la production littéraire, de libres débats et de confrontations.


Son caractère parfois girondin, aux antipodes du centralisme parisien, a d’ailleurs valu à notre ville d’être marquée par de grands courants de pensée dont le rayonnement s’étendait bien au-delà de nos frontières. Deux grandes familles en particulier – l’une laïque, l’autre d’inspiration chrétienne – se sont illustrées ici.


Lyon, c’est la ville des Canuts qui vont influencer les grandes familles de la pensée sociale, notamment le mouvement proudhonien. Bakounine est venu à Lyon lors des grands débats avec Marx. Parmi les Saint-simoniens, très présents entre Saône et Rhône, la grande figure humaniste d’Arlès-Dufour a joué un rôle de premier plan. Nous réfléchissons d’ailleurs à donner son nom prochainement à un quai du quartier de La Confluence.


Lyon, c’est aussi le creuset d’une pensée chrétienne féconde, une des sources d’inspiration les plus importantes du catholicisme social avec des figures comme Pauline Jaricot, Joseph Folliet, Frédéric Ozanam, Antoine Chevrier, Paul Couturier… Au début du siècle passé, c’est là que furent lancées les Assises de la Chronique Sociale de France qui ont inspiré quelques-unes des plus grandes conquêtes sociales de notre pays.


C’est également à Lyon que s’est forgée une réflexion profonde autour des questions liées à l’œcuménisme et au dialogue entre les religions. L’on sait ce qu’une figure comme celle du Cardinal Albert Decourtray a pu apporter à notre humanité.


Lyon, c’est enfin la Capitale d’une Résistance qui ne fut pas seulement armée, mais aussi intellectuelle. Toutes les grandes familles de pensée s’y sont retrouvées. On pense à Aragon, symbole de la pensée marxiste, mais aussi à des penseurs comme Emmanuel Mounier, fondateur du personnalisme et de la Revue Esprit avec son ami le philosophe Jean Lacroix dont je fus l’élève au lycée du Parc.


" La chute du mur a montré que l’histoire s’écrivait différemment... "


Au regard de l’Histoire et des mutations en cours dans notre société, on retrouve donc une logique à cette rencontre entre Lyon et cette réflexion collective et partagée que nous propose le journal Libération.


Au moment de la fin de l’Union Soviétique et de la chute du mur de Berlin, apparassait la théorie de la "Fin de l’Histoire" de l’Américain Francis Fukuyama. Sa pensée n'était pas sans rappeler celle de Marx qui voit d’abord l’histoire comme théâtre de la lutte des classes devant aboutir à une "société sans classe". Pour Marx, la véritable histoire commence une fois achevée cette lutte des classes dans ce qu’il prévoyait d’une société communiste parfaite.


Le cours des événements et la chute du mur, il y a 20 ans, ont montré que l’histoire s’écrivait différemment.


Proudhon, lui, voyait autrement, pensant que la société était d’abord fondée sur l’existence de réalités contradictoires. Vision qu’il théorisa dans son essai "Le Système des contradictions économiques". Selon son modèle, chaque contradiction appelle une transformation et un dépassement qui eux-mêmes amènent de nouvelles contradictions.


Croire que les synthèses qui peuvent s’élaborer ne sont que provisoires, que l’histoire nécessite chaque fois des analyses différentes, des idées, des expériences nouvelles pour résoudre les problématiques qui se posent à nous. De mon point de vue, c’est une pensée extrêmement riche pour le moment donné : penser les contradictions pour mieux avancer.


"L’homo economicus n’est pas une finalité absolue... "


La crise, la plus grave depuis la grande dépression de 1929, remet en question les schémas économiques éprouvés depuis l’après-guerre, dont nous pensions – à tort – qu’ils pouvaient être un accomplissement, une sorte de stade économique final à l’échelle de la planète.


La globalisation, la crise, nous montrent qu’il n’en est rien et que de nouvelles étapes sont à franchir. Le temps est donc venu d’engager une réflexion de fond sur tous ces défis. Et de se dire que, finalement, "l’homo economicus" n’est pas une finalité absolue.


Que l’homme a aussi une dimension intellectuelle, spirituelle et qui – il faut s’en souvenir – a joué un rôle essentiel dans la chute du mur.



© Photo Victor Salta

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Belle analyse. Je ne savais pas que Marx était venu à Lyon.

Anonyme a dit…

Certes, mais...

Anonyme a dit…

Heureusement qu'il y a un responsable politique et responsable de Lyon pour ne pas laisser penser qu'il n'y a que la courte vue, les photo- publicités d'auto proclamation et autres gadgets de certains personnages publics qui sont aux commandes.
Oui il faut aller suivre les débats qui nous sont proposés et contribuer" à penser les contradictions pour mieux avancer", c'est un bon programme de rentrée.
Simone

Anonyme a dit…

Salut,
J'arrive tous juste sur ce forum qui m'a l'air interressant.
habitué des forum et gros contributeur, je suis interressé par votre concept.
A bientot sur le forum