" Et l’Amérique prit un autre visage... "
Voici le discours que j'ai prononcé ce matin, au parc de la Tête d'Or, après avoir dévoilé la plaque en l'honneur de Martin Luther King.
Bonne lecture à tous !
" C’est avec une profonde émotion qu’avec M. le Consul des Etats Unis d’Amérique, Harry Sullivan, avec le Pasteur John Wilson de l’Eglise Baptiste, avec Robert Vial, je viens de découvrir cette plaque gravée au nom de Martin Luther King.
Cette plaque marquera la création dans ce parc de la Tête d’Or, si symbolique de Lyon, d’un parcours de la paix où, année après année, nous souhaitons rendre hommage aux femmes et aux hommes dont la vie fut tout entière placée sous le signe de la paix. Ce parcours, nous l’avons initié il y a un an et demi en donnant, à ce que les Lyonnais connaissent familièrement comme l’Île aux Trois Ponts, le nom du Mahatma Gandhi.
Aujourd’hui, c’est la vie et le combat de Martin Luther King que nous entendons célébrer, pour manifester notre conviction que si "on a tué l’homme d’un rêve, le rêve lui n’est pas mort". Nous avons choisi symboliquement de le faire à côté du monument qu’avait voulu édifier Michel Noir et qu’il avait inauguré le 10 décembre 1989 à l’occasion du 41e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
Dans cette volonté d’alors, il y avait la certitude que Lyon n’est pas n’importe quelle ville mais que l’humanisme qui s’y est développé, l’esprit de la résistance qui l’a marquée, lui font obligation d’être partout présente là où il faut porter haut et fort les Droits de l’Homme.
C’est ce même esprit qui nous anime aujourd’hui !
Car cette volonté ardente de promouvoir les Droits de l’Homme, qui l’a incarnée plus que Martin Luther King ? Lui, dont le combat commença par le soutien à Rosa Parks, cette femme qui avait, pour la première fois, le 1er décembre 1955, refusé d’obéir aux injonctions d’un chauffeur de bus la sommant de céder sa place à un blanc !
Lui, dont le discours prononcé lors de la marche sur Washington le 28 août 1963 devant le mémorial d’Abraham Lincoln, retentit encore dans toutes les têtes et dans tous les cœurs ! Lui que le combat pour l’égalité, la dignité, allait porter chaque jour jusqu’à ce 4 avril 1968 où, après un dernier meeting, il allait tomber à Memphis, sous la balle d’un militant ségrégationniste !
Cette issue fatale, Martin Luther King l’a savait possible dans une Amérique où la violence et la haine contre les noirs pouvaient encore se donner libre cours. Mais il savait aussi que malgré tout, il lui fallait poursuivre son combat pour que les Etats-Unis redeviennent cette grande nation de la liberté qu’avaient voulue ses pères fondateurs.
Oui, il lui fallait se battre pour que les Droits de l’Homme deviennent aussi les droits de l’homme noir et tant pis si c’était au péril de sa vie.
Dans le discours prononcé à Memphis, la veille de son assassinat, il disait à la foule : "Comme tout le monde, je voudrais vivre longtemps. La longévité a son prix. Mais je ne m’en souci guère maintenant. J’ai regardé autour de moi. Et j’ai vu la terre promise. Il se peut que je n’y pénètre pas avec vous. Mais je veux vous faire savoir, ce soir, que notre peuple atteindra la terre promise".
Pour lui, cette Terre Promise, c’était une Amérique dans laquelle tous les hommes, quelles que soient leur race, leur origine, leur croyance, pourraient vivre en paix. Un siècle après l’abolition de l’esclavage, Martin Luther King voulait une liberté pleine et entière pour des millions d'afro-américains dont les droits civiques n’avaient jamais été respectés.
Son combat entendait briser les chaînes de la ségrégation, de la discrimination, de la pauvreté. C’était un combat pour la justice, pour l’égalité, pour la fraternité entre les Hommes. Cette cause, il entendait la faire progresser de manière pacifique ! Car pour lui, la cause des noirs, c’était aussi, c’était d’abord celle de l’Humanité tout entière. Et il entendait que puisse se lier dans un destin commun tout un peuple, par-delà les différences de couleur, de religion, de conviction.
En assassinant Martin Luther King, les tenants du ségrégationnisme entendaient éteindre cette flamme qu’il avait allumée dans le cœur de millions de femmes et d’hommes aux Etats-Unis. Ils ne firent que l’embraser.
Au lendemain de sa mort, la protestation fut immense, la colère si terrible que le New York Times titrait alors "L’assassinat du Pasteur King est un désastre national". Trois jours plus tard le Président Johnson proclamait le deuil national.
Et l’Amérique progressivement prit un autre visage. La cause des noirs pour laquelle Martin Luther King s’était battu progressa. Et son combat, 40 ans après sa tragique disparition, a aujourd’hui trouvé son ultime consécration : l’élection par les Etats-Unis d’Amérique, d’un président noir. Une élection qui non seulement aux Etats-Unis, mais partout ailleurs a fait passer l’espoir d’un monde nouveau.
D’un monde, où la valeur d’une personne se mesurerait non à son rang social, à sa condition ou à ses croyances personnelles, mais à l’aune de son mérite, de son courage, de son engagement, de sa capacité à incarner l’intérêt général.
C’est là un message pour nous tous ! Comme le disait Martin Luther King, dans son discours devant le Lincoln Memorial : "L’heure est venue de prendre pied sur le roc solide de la fraternité. L’heure est venue de faire de la justice une réalité. » Now ! Maintenant, maintenant !
Et c’est donc à nous aujourd’hui de reprendre le combat.
Le combat contre toutes les formes d’exclusions, de discrimination, de racisme, contre toutes les formes d’intégrismes, de fanatismes, de fondamentalismes. Oui, nous le pensons avec Martin Luther King :
"Un jour viendra où l’on fera un soc de charrue avec les épées, où les nations ne se dresseront plus les unes contre les autres. Ce jour-là, le lion et l’agneau pourront se tenir l’un près de l’autre, sans s’effrayer."
C'était là les paroles, que Martin Luther King avait adressées le 29 mars 1966 aux Lyonnais venus l’écouter par milliers, à la Bourse du Travail.
C’est ce message de paix et d’espérance qu’entend exprimer ce Parcours inauguré en 2007 avec la stèle du Mahatma Gandhi. C’est ce message que nous voulons reprendre aujourd’hui en donnant à cet espace le nom de Martin Luther King !
Et c’est avec beaucoup de respect et d’émotion que je voudrais citer les noms de Robert Vial, Pierre Lévy, Alban Vistel, Henri Ravouna, Jean-Pierre Lanvin, Georges Vermard, le Dr Charles Favre, Paul Eberhard, Jean Lasserre, ou bien celui que j’eus l’occasion de fréquenter à la Khâgne du Parc : Louis Thomas Achille.
Ce sont eux qui, voici 43 ans, ont permis la venue de Martin Luther King à Lyon. Cet espace, nous le devons à ces hommes. Nous le devons aussi à toutes celles et à tous ceux qui, aujourd’hui encore, militent anonymement pour que partout dans le monde puissent progresser les Droits de l’Homme.
They shall overcome some day !
Martin Luther King I have a dream (sous-titres français)
Cette plaque marquera la création dans ce parc de la Tête d’Or, si symbolique de Lyon, d’un parcours de la paix où, année après année, nous souhaitons rendre hommage aux femmes et aux hommes dont la vie fut tout entière placée sous le signe de la paix. Ce parcours, nous l’avons initié il y a un an et demi en donnant, à ce que les Lyonnais connaissent familièrement comme l’Île aux Trois Ponts, le nom du Mahatma Gandhi.
Aujourd’hui, c’est la vie et le combat de Martin Luther King que nous entendons célébrer, pour manifester notre conviction que si "on a tué l’homme d’un rêve, le rêve lui n’est pas mort". Nous avons choisi symboliquement de le faire à côté du monument qu’avait voulu édifier Michel Noir et qu’il avait inauguré le 10 décembre 1989 à l’occasion du 41e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
Dans cette volonté d’alors, il y avait la certitude que Lyon n’est pas n’importe quelle ville mais que l’humanisme qui s’y est développé, l’esprit de la résistance qui l’a marquée, lui font obligation d’être partout présente là où il faut porter haut et fort les Droits de l’Homme.
C’est ce même esprit qui nous anime aujourd’hui !
Car cette volonté ardente de promouvoir les Droits de l’Homme, qui l’a incarnée plus que Martin Luther King ? Lui, dont le combat commença par le soutien à Rosa Parks, cette femme qui avait, pour la première fois, le 1er décembre 1955, refusé d’obéir aux injonctions d’un chauffeur de bus la sommant de céder sa place à un blanc !
Lui, dont le discours prononcé lors de la marche sur Washington le 28 août 1963 devant le mémorial d’Abraham Lincoln, retentit encore dans toutes les têtes et dans tous les cœurs ! Lui que le combat pour l’égalité, la dignité, allait porter chaque jour jusqu’à ce 4 avril 1968 où, après un dernier meeting, il allait tomber à Memphis, sous la balle d’un militant ségrégationniste !
Cette issue fatale, Martin Luther King l’a savait possible dans une Amérique où la violence et la haine contre les noirs pouvaient encore se donner libre cours. Mais il savait aussi que malgré tout, il lui fallait poursuivre son combat pour que les Etats-Unis redeviennent cette grande nation de la liberté qu’avaient voulue ses pères fondateurs.
Oui, il lui fallait se battre pour que les Droits de l’Homme deviennent aussi les droits de l’homme noir et tant pis si c’était au péril de sa vie.
Dans le discours prononcé à Memphis, la veille de son assassinat, il disait à la foule : "Comme tout le monde, je voudrais vivre longtemps. La longévité a son prix. Mais je ne m’en souci guère maintenant. J’ai regardé autour de moi. Et j’ai vu la terre promise. Il se peut que je n’y pénètre pas avec vous. Mais je veux vous faire savoir, ce soir, que notre peuple atteindra la terre promise".
Pour lui, cette Terre Promise, c’était une Amérique dans laquelle tous les hommes, quelles que soient leur race, leur origine, leur croyance, pourraient vivre en paix. Un siècle après l’abolition de l’esclavage, Martin Luther King voulait une liberté pleine et entière pour des millions d'afro-américains dont les droits civiques n’avaient jamais été respectés.
Son combat entendait briser les chaînes de la ségrégation, de la discrimination, de la pauvreté. C’était un combat pour la justice, pour l’égalité, pour la fraternité entre les Hommes. Cette cause, il entendait la faire progresser de manière pacifique ! Car pour lui, la cause des noirs, c’était aussi, c’était d’abord celle de l’Humanité tout entière. Et il entendait que puisse se lier dans un destin commun tout un peuple, par-delà les différences de couleur, de religion, de conviction.
En assassinant Martin Luther King, les tenants du ségrégationnisme entendaient éteindre cette flamme qu’il avait allumée dans le cœur de millions de femmes et d’hommes aux Etats-Unis. Ils ne firent que l’embraser.
Au lendemain de sa mort, la protestation fut immense, la colère si terrible que le New York Times titrait alors "L’assassinat du Pasteur King est un désastre national". Trois jours plus tard le Président Johnson proclamait le deuil national.
Et l’Amérique progressivement prit un autre visage. La cause des noirs pour laquelle Martin Luther King s’était battu progressa. Et son combat, 40 ans après sa tragique disparition, a aujourd’hui trouvé son ultime consécration : l’élection par les Etats-Unis d’Amérique, d’un président noir. Une élection qui non seulement aux Etats-Unis, mais partout ailleurs a fait passer l’espoir d’un monde nouveau.
D’un monde, où la valeur d’une personne se mesurerait non à son rang social, à sa condition ou à ses croyances personnelles, mais à l’aune de son mérite, de son courage, de son engagement, de sa capacité à incarner l’intérêt général.
C’est là un message pour nous tous ! Comme le disait Martin Luther King, dans son discours devant le Lincoln Memorial : "L’heure est venue de prendre pied sur le roc solide de la fraternité. L’heure est venue de faire de la justice une réalité. » Now ! Maintenant, maintenant !
Et c’est donc à nous aujourd’hui de reprendre le combat.
Le combat contre toutes les formes d’exclusions, de discrimination, de racisme, contre toutes les formes d’intégrismes, de fanatismes, de fondamentalismes. Oui, nous le pensons avec Martin Luther King :
"Un jour viendra où l’on fera un soc de charrue avec les épées, où les nations ne se dresseront plus les unes contre les autres. Ce jour-là, le lion et l’agneau pourront se tenir l’un près de l’autre, sans s’effrayer."
C'était là les paroles, que Martin Luther King avait adressées le 29 mars 1966 aux Lyonnais venus l’écouter par milliers, à la Bourse du Travail.
C’est ce message de paix et d’espérance qu’entend exprimer ce Parcours inauguré en 2007 avec la stèle du Mahatma Gandhi. C’est ce message que nous voulons reprendre aujourd’hui en donnant à cet espace le nom de Martin Luther King !
Et c’est avec beaucoup de respect et d’émotion que je voudrais citer les noms de Robert Vial, Pierre Lévy, Alban Vistel, Henri Ravouna, Jean-Pierre Lanvin, Georges Vermard, le Dr Charles Favre, Paul Eberhard, Jean Lasserre, ou bien celui que j’eus l’occasion de fréquenter à la Khâgne du Parc : Louis Thomas Achille.
Ce sont eux qui, voici 43 ans, ont permis la venue de Martin Luther King à Lyon. Cet espace, nous le devons à ces hommes. Nous le devons aussi à toutes celles et à tous ceux qui, aujourd’hui encore, militent anonymement pour que partout dans le monde puissent progresser les Droits de l’Homme.
They shall overcome some day !
Martin Luther King I have a dream (sous-titres français)
2 commentaires:
Très bel hommage à Martin Luther King. Bravo
Très beau discours. Merci
Thierry
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