"Cités-entreprises : zoom sur le modèle lyonnais "
L'Expansion a consacré dans ses Cahiers du Management de janvier un dossier spécial aux "Cités-entreprises". Référence à la flamboyance qui, de l'Antiquité à la Renaissance, caractérisaient les puissantes "Cités-Etats". Sylvie Ouziel présente les enjeux pour les grandes métropoles qui, d'Asie, d'Amérique ou d'Europe, concentrent toujours plus la production et les échanges, chacune se devant d'améliorer son environnement pour assurer sa propre compétitivité. Ce n'est pas par hasard que les auteurs de cette étude passionnante ont pris le Grand Lyon pour illustrer l'importance du fait métropolitain. Interview où je reviens sur ce thème essentiel pour l'avenir de notre agglomération et que je vous invite à découvrir en cliquant ici ou à lire sous la vidéo réalisée par l'Expansion.com.
Dans le top 15 européen et en tête des classements nationaux (hors Paris) pour la création d'entreprises, la capitale des Gaules mise sur son environnement économique favorable.
L'Expansion.com : Continuez-vous d'accueillir à Lyon toujours plus d'habitants et de créateurs d'entreprise ?
Oui, et je m'en réjouis. D'ici à 2030, notre agglomération va attirer 150 000 nouveaux habitants, 300 000 si l'on prend en compte la métropole. Nous sommes régulièrement en tête des classements nationaux (hors Paris) pour la création d'entreprises, et dans le top 15 européen. Aujourd'hui, nous sommes au rythme très élevé de 14 000 créations d'entreprises par an pour le Grand Lyon, soit + 64% par rapport à 2003. Ce succès, nous le devons au réseau Lyon Ville de l'entrepreneuriat, qui donne au créateur tous les outils pour mener à bien son projet (financement, soutien administratif, connaissance du territoire, etc.).
Le Grand Lyon dispose d'une direction du marketing et de la stratégie économique. Atout résidentiel et compétitivité économique sont-ils sur le même pied ?
Les "atouts résidentiels" sont les premiers éléments de la compétitivité économique. Si vous voulez, en 2010, attirer les grands groupes mondiaux et les investisseurs, il faut leur proposer un environnement économique favorable. Mais il faut aussi attirer la main-d'oeuvre qu'ils recherchent. Par l'élaboration d'un cadre de vie agréable, avec des infrastructures de transport optimales, des équipements culturels et sportifs, une université attractive, et tout ce qui contribue à l'accueil de nouveaux habitants.
Lyon jouit d'une image flatteuse. Faut-il la faire évoluer ?
Nous nous appuyons sur nos traditions historiques pour construire l'image de notre ville. Le textile engendre la biennale du design et de la mode. La naissance du cinéma devient le festival Lumière. Nous allons mettre en oeuvre un grand évènement autour de l'eau et des fleuves. Bref, Lyon se taille peu à peu une réputation de métropole d'événements.
A quels arguments sont sensibles ceux de vos interlocuteurs qui décident de s'implanter à Lyon ?
Au fait que le foncier soit de 30 à 40% moins cher qu'à Paris, et que l'accessibilité et le cadre y soient bien meilleurs. Ajoutez à cela que nous avons l'une des meilleures universités d'Europe.
Sous l'angle architectural, diriez-vous que Lyon joue la carte du prestige (le gratte-ciel Oxygène, bientôt Incity) autant que celle de l'urbanisme à hauteur d'homme ?
L'espace public est le bien de tous. Et nous faisons tout pour lui donner cette double dimension d'espace de prestige et d'espace agréable à vivre. Pour nos grands projets - Confluence, Rives de Saône, Part-Dieu 2020, nous faisons appel aux plus grands architectes du monde. Et c'est plutôt réussi, à en juger par le nombre de personnes qui se baladent chaque jour sur les berges du Rhône. De plus, la Confluence est déjà une référence : c'est le premier quartier durable d'Europe, labélisé par WWF. Quant à la Duchère, j'ai l'intime conviction que l'idée de mettre des logements intermédiaires dans des zones autrefois "ghettoïsées" fera école.
La rivalité entre Paris et Lyon n'est-elle pas éclipsée par le challenge avec Marseille ?
Je ne le pense pas. Nous construisons à Lyon une métropole en réseau de dimension européenne, susceptible de dépasser, à terme, le seuil fatidique des 3 millions d'habitants, essentiel pour exister aux côtés de Barcelone ou de Francfort. Je ne crois pas que Marseille en soit à ce stade, même si le projet Euroméditerranée me semble un bon projet.
Les Lyonnais sont-ils plus exigeants, mais aussi plus reconnaissants qu'ailleurs ?
Diriger une grande agglomération exige de toujours arbitrer entre les intérêts locaux des nimby (Not in my backyard) et l'intérêt général. Je le vois avec OL Land. Mais, bien souvent, une fois les projets sortis, la reconnaissance vient en effet. Par les sondages, par l'élection, mais aussi et surtout par des remarques positives des habitants croisés au fil des jours. C'est l'occasion de se dire qu'on ne fait pas tout cela pour rien !
Propos recueillis par Philippe Delaroche
6 commentaires:
est ce que la notion de "cité entreprise" ça n'est pas privatiser l'espace public au profit des intérêts particuliers ? je préfère pour ma part la notion de "ville état" ou de "cité état" comme l'étaient à la renaissance les grandes cités italiennes. sinon c'est un dossier intéressant. merci
Jean-Pierre
@JP : "L'espace public est le bien de tous" ! L'expression "cité entreprise" n'est pas à comprendre au 1er degré.
reportage très intéressant et fort bien mené qui resitue bien le contexte économique au sein duquel notre métropole évolue.
rester compétitif dans ce nouvel ordre mondial est indispensable...et doit mobiliser toutes les forces vives de notre agglomération.
ps : lyon cité-entreprise OK, mais n'oublions jamais que dans le mot ville il y a "vie".
@JP et PS: eh oui, la gauche a tellement brocardé le monde de l'entreprise qu'elle a du mal à faire le parallèle entre entreprise "privée" et bien public! alors qu'évidemment, l'entreprise est un bien social!
Merci Monsieur Collomb pour votre ouverture d'esprit et bon vent pour la suite!
Amélie.
C'est passionnant ce phénomène du "retour des villes". Je ne connaissais pas très bien les enjeux liés à cette compétition et c'est vraiment très bien cette vidéo qui dit à peu près tout sur le sujet. Merci.
avez vous une idee des sacrifices que les commerces et les entreprises ont subis suites aux expropriations. car sans expropriations ils n'y a pas de constructions neuves.
herve.lassausse@laposte.net
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